Fil d'Ariane

Lorsqu'elle a terminé sa maîtrise en épidémiologie à l'Université de Western Ontario, Sandra Magalhaes a décidé de quitter temporairement le milieu universitaire et d'acquérir de l'expérience sur le terrain. Pendant trois ans, elle a travaillé comme gestionnaire des projets de recherche clinique au Hospital for Sick Children (SickKids) de Toronto. Elle a ensuite travaillé sur une étude pancanadienne sur la sclérose en plaques* pédiatrique (SP pédiatrique), une maladie auto-immune neurodégénérative rare qui touche moins de cinq pour cent de tous les cas de SP et qui est de plus en plus étudiée depuis 15 ans.

« Je travaillais avec la Dre Brenda Banwell et j'ai géré la mise sur pied, la collecte de données, le recrutement des patients et l'analyse des données de plusieurs projets de recherche », explique la doctorante au département d'épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM). Quand j'ai commencé mon doctorat en 2010, mon expérience de travail m'a vraiment permis de relier les concepts qu'on nous enseignait à la réalité de la recherche. »

Alors qu'elle était au SickKids, Sandra a participé à stopSP, un programme canadien de recherche et de formation créé en 2007 par la Société canadienne de la SP. Elle a immédiatement perçu les avantages de faire partie d'une communauté scientifique coopérative et multidisciplinaire.

« Grâce au programme de stopSP, je me suis créé un vaste réseau de chercheurs établis et de jeunes stagiaires, tant sur la scène nationale qu'internationale, explique-t-elle. J'ai déjà une idée des gens avec qui je pourrais travailler. Puisque la recherche, c'est exigeant, il vaut mieux avoir du plaisir. »

Dans le cadre de son projet de doctorat, supervisé par la Dre Christina Wolfson, directrice de l'unité de recherche en neuroépidémiogologie à l'IR-CUSM, Sandra prépare une trousse d'outils pour les chercheurs qui se penchent sur les facteurs de risque environnementaux de la SP pédiatrique.

« En général, les enfants sont diagnostiqués entre l'âge de dix et 15 ans, affirme-t-elle, mais nous pensons que la SP pédiatrique se manifeste plus tôt. Il est donc important de concevoir un questionnaire qui pose les bonnes questions aux parents. Compte tenu des publications scientifiques, je me concentre sur trois facteurs de risque : la carence en vitamine D, l'exposition insuffisante au soleil et le tabagisme passif. Comme il s'agit d'une trousse, nous avons l'intention d'en ajouter d'autres plus tard, tels que le  non-allaitement, par exemple. »

Sandra Magalhaes a reçu des bourses d'études de l'Université McGill, des Instituts de recherche en santé du Canada et de la Société canadienne de la SP, ainsi qu'une subvention de recherche de la National MS Society des États-Unis. Elle a également obtenu l'appui et l'apport de l'International Pediatric MS Study Group (IPMSSG), qui rassemble plus d'une centaine de membres répartis dans plus de 40 pays. Elle a ensuite formé un groupe de 13 chercheurs, composé de neurologues en SP pédiatrique, d'épidémiologistes et de spécialistes de chacun de ces trois facteurs de risque.

Lorsqu'elle terminera son doctorat le printemps prochain, la chercheuse a l'intention de s'installer en Italie avec son mari et leur fils de deux ans. Postdoctorante à l'Université de Ferrara, Sandra compte participer à une étude pour évaluer le lien entre l'allaitement, le microbiome et la SP. À long terme, elle rêve d'une carrière en milieu universitaire.

« J'ai le don d'expliquer les statistiques, constate-t-elle. Je suis tellement heureuse quand quelqu'un les comprend grâce à moi. »

Avoir un enfant tout en menant une carrière en recherche ne nuit pas à la productivité de la jeune chercheuse, bien au contraire.

« Avant d'avoir un bébé, j'avais l'habitude de dire : "Je suis tellement occupée que je n'ai pas de temps pour moi". En fait, je ne réussissais jamais à m'arrêter, mais maintenant je le fais pour le bien de mon fils, et c'est fabuleux. »

D'ici la fin de l'année, Sandra prévoit terminer un cyberquestionnaire qui aidera non seulement les chercheurs à caractériser les facteurs de risque de la SP pédiatrique et à gagner du temps, mais également à regrouper les données et à créer des échantillons suffisants pour de futures études. Certains membres du milieu international de la recherche sur la maladie ont déjà démontré leur intérêt pour cette trousse d'outils.

* Le Canada affiche le plus fort taux de sclérose en plaques dans le monde. Il s'agit de la maladie neurologique la plus répandue chez les jeunes adultes du pays, qui se manifeste généralement chez des personnes de 15 à 40 ans. Ses effets imprévisibles durent toute la vie. (Source : Société canadienne de la SP)