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null Le sémaglutide - connu sous le nom d'Ozempic - peut être bénéfique pour les personnes atteintes de diabète de type 1

Un premier essai clinique randomisé montre que l'utilisation du sémaglutide dans le diabète de type 1 est associée à une meilleure gestion du glucose, à une perte de poids et à une diminution des besoins en insuline

Montréal, le 15 janvier 2025 — Le sémaglutide (connu sous le nom de marque Ozempic) a attiré beaucoup d’attention pour ses effets amaigrissants, mais est officiellement approuvé pour la prise en charge du diabète de type 2. Bien qu’il y ait actuellement peu de données sur les risques et les avantages de ce médicament pour les personnes atteintes de diabète de type 1, de nouvelles recherches offrent des perspectives prometteuses.

Une nouvelle étude montre que le sémaglutide peut améliorer la glycémie des personnes atteintes de diabète de type 1 qui utilisent des pompes automatisées, sans augmenter l'hypoglycémie. Dans cet essai randomisé en double aveugle mené au Centre de médecine innovatrice de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut), les participants utilisant le sémaglutide parallèlement à l'insulinothérapie automatisée ont pu maintenir des niveaux de glucose sûrs pendant de plus longues périodes. Les résultats de l'étude ont été récemment publiés dans la revue Nature Medicine.

Dr Michael Tsoukas, chercheur principal de l'étude, Ahmad Haidar, Ph. D., scientifique principal de l'étude et Dre Melissa-Rosina Pasqua, première auteure de l'étude.
Dr Michael Tsoukas, chercheur principal de l'étude, Ahmad Haidar, Ph. D., scientifique principal de l'étude et Dre Melissa-Rosina Pasqua, première auteure de l'étude.

« Typiquement, les patients atteints de diabète de type 1 visent à maintenir un taux d'hémoglobine glyquée (HbA1c) inférieur à 7 % et à rester dans la fourchette glycémique cible pendant au moins 70 % du temps, afin de réduire le risque de complications microvasculaires et macrovasculaires. Cependant, des études suggèrent que près de la moitié des personnes utilisant des pompes à insuline automatiques n'y parviennent pas », explique le Dr Michael Tsoukas, chercheur principal de l'étude, chercheur au sein du programme de recherche en désordres métaboliques (DeMeC) et leurs complications de L'Institut et professeur agrégé au sein du Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université McGill. Notre étude montre que l’ajout de sémaglutide peut les aider à mieux gérer la maladie. »

Dans le cas du diabète de type 1, le pancréas est incapable de produire de l'insuline, une hormone qui régule le taux de glucose. Par conséquent, les personnes atteintes de diabète doivent surveiller en permanence leur glycémie et fournir à leur organisme la quantité d'insuline dont il a besoin pour éviter les complications. Cet objectif peut être facilité par l'utilisation d'un système d'administration automatisée d'insuline (AID), communément appelé pompe à insuline, qui permet l'administration automatique de doses d'insuline ajustées en temps réel grâce à un capteur de glucose et à un algorithme qui effectue les calculs nécessaires.

« De nombreuses innovations ont permis d'améliorer les systèmes d'administration automatisée d'insuline, qui constituent la thérapie la plus avancée pour le diabète de type 1. C'est pourquoi l'intervention placebo, qui consistait à utiliser l'AID avec une injection hebdomadaire d'un placebo, représentait le meilleur traitement disponible sur le marché et donc le point de comparaison idéal », explique Ahmad Haidar, Ph. D., scientifique principal de l'étude, scientifique au sein du programme DeMeC à L'Institut et professeur agrégé au Département d'ingénierie biomédicale de l'Université McGill.

L'essai a duré au total 32 semaines et a inclus 28 participants adultes. Pendant les 15 premières semaines, la moitié des participants s'est injecté une dose hebdomadaire de sémaglutide, et l'autre moitié, un placebo, tout en continuant leur propre insulinothérapie (22 des 28 participants utilisaient une pompe à insuline au début de l'essai). La dose de sémaglutide a été progressivement augmentée jusqu'à 1 mg ou la dose maximale tolérée. Pendant les quatre dernières semaines de l'essai, les participants ont utilisé une pompe à insuline automatisée développée grâce à la recherche. Après cette intervention, les participants ont fait une pause de deux semaines et ont changé de groupe, de sorte que ceux qui avaient commencé à prendre du sémaglutide ont pris un placebo, et vice versa, pendant encore 15 semaines.

Avantages liés à la perte de poids et à la diminution des besoins en insuline

Dans l'essai clinique, l'utilisation du sémaglutide a permis de réduire les besoins en insuline et d'augmenter la perte de poids. Les bénéfices ont été plus importants chez les participants ayant un indice de masse corporelle plus élevé, car ils ont perdu plus de poids et ont obtenu des bénéfices glycémiques plus importants. Ces résultats ont des implications importantes, car la prévalence de l'obésité chez les personnes atteintes de diabète de type 1 augmente et est associée au risque de maladie cardiovasculaire et de complications.

Bien qu'aucune acidocétose diabétique - une complication potentiellement mortelle du diabète - ou hypoglycémie sévère ne soit survenue au cours de l'essai, deux épisodes marqués par de hauts niveaux de corps cétoniques sans hyperglycémie ni acidose sont survenus pendant que les participants utilisaient le sémaglutide. Un taux élevé de corps cétoniques peut survenir chez les personnes atteintes de diabète de type 1 lorsqu'il n'y a pas assez d'insuline pour que le corps absorbe le sucre, ce qui pousse le corps à décomposer les graisses à la place ; à des niveaux très élevés, cela peut rendre le sang acide et provoquer de graves affections. Des effets secondaires gastro-intestinaux ont également été associés au sémaglutide.

« Nous savons que l'utilisation non conforme à l'usage indiqué du sémaglutide est en hausse chez les personnes atteintes de diabète de type 1, malgré le manque d'information pour guider les patients et les fournisseurs de soins de santé sur les avantages et les risques qui y sont associés », dit la Dre Melissa-Rosina Pasqua, première auteure de l'étude, endocrinologue au CUSM et étudiante au doctorat à L'Institut, qui a coordonné l'étude. Cette étude comble une lacune en matière de traitement et constitue une étape importante dans la démonstration des avantages de ce médicament, ainsi que de la nécessité constante de renseigner les patients sur les risques d'un taux élevé de corps cétoniques. »

À propos de l'étude

L'étude Subcutaneous weekly semaglutide with automated insulin delivery in type 1 diabetes : a double-blind, randomized, crossover trial a été menée par Melissa-Rosina Pasqua, Michael A. Tsoukas, Alessandra Kobayati, Wedyan Aboznadah, Adnan Jafar et Ahmad Haidar.

DOI: https://doi.org/10.1038/s41591-024-03463-z

Ce travail a été financé par la Chaire de recherche du Canada sur les systèmes de pancréas artificiel du professeur Ahmad Haidar.
 

À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

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Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
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