Fil d'Ariane

null Les technologies multiplexées ouvrent la voie au dépistage rapide et équitable des infections transmissibles sexuellement

Les travaux de la boursière postdoctorale Angela Karellis, de l’IR-CUSM, publiés dans The Lancet Microbe, auront une incidence sur les lignes directrices mondiales relatives aux tests rapides multiplexés

SOURCE : IR-CUSM. L’utilisation des technologies multiplexées dans les tests diagnostiques rapides suscite actuellement beaucoup d’intérêt. Cette percée technologique a reçu un accueil favorable, plus particulièrement dans le contexte de la pandémie de COVID-19. En effet, les technologies multiplexées permettent aux patients de ne se rendre qu’une seule fois à leur clinique afin de faire dépister simultanément plusieurs pathogènes et de recevoir leurs résultats le jour même. Le déploiement stratégique des tests rapides visant la détection d’antigènes/d’anticorps et de l’ADN/ARN de molécules pathogènes peut permettre aux pays, qu’ils soient à faible revenu ou à revenu élevé, d’intensifier le dépistage de certaines maladies infectieuses et d’optimiser les programmes de traitement pour de nombreuses formes d’infections transmissibles sexuellement (ITS) prévalentes.

Les résultats des travaux d’une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), publiés récemment dans The Lancet Microbe, pourront documenter l’orientation des lignes directrices émises par des organismes internationaux comme Santé Canada, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Foundation for Innovative New Diagnostics (FIND), l’alliance mondiale visant à faciliter l’accès aux tests diagnostiques.

« Les résultats que nous venons de publier peuvent aider un grand nombre de parties prenantes, qu’il s’agisse de médecins ou d’infirmières travaillant en clinique et effectuant des tests de dépistage d’ITS, ou des décideurs politiques et des bailleurs de fonds, responsables de l’élaboration des lignes directrices et du financement des projets. »

— Angela Karellis, Ph. D.

« Nos travaux constituent la première étude systématique réalisée dans le domaine des technologies multiplexées s’appliquant aux tests rapides pour le dépistage des ITS, déclare la boursière postdoctorale Angela Karelli, Ph. D., première auteure de l’article récemment publié dans The Lancet Microbe. Avant de réaliser ce projet, nous avions constaté une lacune dans la littérature médicale consacrée au diagnostic des ITS. Il n’y avait encore eu aucune revue scientifique consacrée à la précision des technologies multiplexées commercialisées pour les tests diagnostiques rapides, moléculaires ou sérologiques. Les résultats que nous venons de publier peuvent aider un grand nombre de parties prenantes, qu’il s’agisse de médecins ou d’infirmières travaillant en clinique et effectuant des tests de dépistage d’ITS, ou des décideurs politiques et des bailleurs de fonds, responsables de l’élaboration des lignes directrices et du financement des projets. »

L’étude fournit aux personnes qui doivent éventuellement avoir recours à ces types de technologies une orientation quant à ce qui est commercialement accessible et quant à ce que ces dispositifs peuvent détecter. « Malgré le fait que les tests multiplexés existent depuis quelques années, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence le besoin de dépister plusieurs pathogènes simultanément, poursuit Angela Karellis. Nos travaux sont en conséquence extrêmement pertinents en ce moment. »

De gauche à droite : Angela Karellis, Ph. D., première auteure et boursière postdoctorale, et la directrice du projet, Nitika Pant Pai, M.D., MPH, Ph. D., scientifique au Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’Institut de recherche du CUSM
De gauche à droite : Angela Karellis, Ph. D., première auteure et boursière postdoctorale, et la directrice du projet, Nitika Pant Pai, M.D., MPH, Ph. D., scientifique au Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’Institut de recherche du CUSM

L’équipe de chercheurs travaillait sous la direction de la Dre Nitika Pant Pai, scientifique au Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM et professeure agrégée au Département de médecine scientifique, Division d’épidémiologie clinique, Université McGill. « Nous avons décidé de fournir des données probantes susceptibles de contribuer à l’amélioration des tests rapides intégrés utilisés pour le dépistage des ITS, la gestion des antimicrobiens et l’élimination des agents pathogènes, ajoute la Dre Pant Pai. Voici la question que nous nous sommes posée : "Les résultats de l’ensemble des technologies multiplexées utilisées dans la vie réelle à des fins diagnostiques pour le dépistage de nombreuses infections transmissibles sexuellement sont-ils probants?" », poursuit-elle.

Grande précision sur le terrain

Se fondant sur un échantillon de 26 216 personnes, au sein duquel les dispositifs de tests multiplexés ont permis de dépister 19 ITS, les auteures ont conclu que la plupart des technologies (plateformes des tests immunochromatographiques rapides et des tests d’amplification des acides nucléiques) produisaient des résultats supérieurs à 95 % quant à la sensibilité et quant à la spécificité. Comme aucune restriction ne s’appliquait au type d’ITS évalué, ces travaux fournissent des données probantes relatives à certains pathogènes plus couramment connus et à d’autres dont on parle moins souvent, comme la chlamydia, la gonorrhée, le virus de l’immunodéficience humaine, la syphilis, le virus de l’herpès simplex et le virus de l’hépatite B. Les résultats relatifs à la précision des tests sont accompagnés d’une comparaison avec le test de référence standard utilisé, décrivent le spécimen type et comportent des intervalles de confiance de 95 %, afin de brosser un portrait complet des résultats.

« Les résultats de nos travaux sont importants, car ils démontrent que les technologies s’appliquant aux tests rapides multiplexés sont très précises – plus de 95 % d’exactitude – qu’il s’agisse de dispositifs plus imposants à utiliser sur une paillasse ou de tests immunochromatographiques de poche utilisés sur le terrain. En conséquence, ces technologies peuvent être recommandées à des fins de dépistage et de confirmation des résultats d’autres tests. Notre étude démontre qu’il est pertinent de déployer ce type de tests dans tous les pays, que les revenus y soient de niveau faible, intermédiaire ou élevé », conclut Angela Karellis.

Retour des programmes d’éradication des maladies

Les auteures de la recherche décrite ci-dessus s’attendent à ce que cette première étude systématique consacrée aux observations sur le terrain contribue à stimuler l’utilisation des technologies multiplexées, afin de répondre à la demande croissante en matière de dépistage et d’accélérer le développement de programmes d’éradication des maladies.

« Les programmes d’éradication de certaines maladies vont redevenir pertinents une fois que la vague de COVID-19 sera passée et que l’on fera revivre des programmes jusqu’ici négligés, afin de répondre aux besoins existants liés au virus de l’immunodéficience humaine, au virus de l’hépatite C, au papillomavirus, au virus de l’hépatite B, à la chlamydia et à la gonorrhée, explique la Dre Pant Pai. Notre étude fournit des données visant à améliorer l’accès au dépistage pour les personnes qui ne peuvent se présenter pour subir des tests effectués en clinique ou en laboratoire. Elle fournit également des données probantes sur l’existence de solutions de dépistage rapide favorisant un suivi actif, l’identification de personnes à risque pour ce qui est des infections transmissibles sexuellement, tout en permettant de gagner du temps grâce aux tests rapides multiplexés, qui permettent de dépister simultanément de nombreux pathogènes ayant un lien entre eux. Les résultats de notre étude sont utiles pour les patients, pour les professionnels de la santé qui donnent les soins ainsi que pour les systèmes de santé, ajoute la Dre Pant Pai. Nous attendons avec impatience que d’autres travaux soient effectués pour évaluer sur le terrain l’incidence réelle de notre étude sur les populations à risque élevé, tant à l’échelle nationale qu’internationale », conclut-elle.

À propos de l’étude

Lire la publication dans The Lancet Microbe.

Les auteures tiennent à souligner le soutien qu’elles ont reçu de la part des Instituts de recherche en santé du Canada et de l’India-Canada Centre for Innovative Multidisciplinary Partnerships to Accelerate Community Transformation and Sustainability (IC-IMPACTS), qui ont financé leurs travaux de recherche. Les auteures remercient également l’équipe de la Plateforme de confinement de niveau 3 de l’IR-CUSM.

Consultez le site Web de la Dre Nitika Pant Pai pour en savoir plus sur ses travaux de recherche.

8 décembre 2021