Fil d'Ariane

null L’immunothérapie réalise d’importantes avancées dans le traitement du cancer du poumon

L’essai clinique de phase 3 du nivolumab néoadjuvant conduit à des changements de pratique

Montréal, le 20 avril 2022 – Selon les résultats d’essai clinique de phase 3, une nouvelle méthode de traitement du cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC), le type de cancer du poumon le plus répandu, pourrait améliorer de façon significative la survie des patients dont la tumeur est opérable. Le nivolumab, un médicament conçu par Bristol Myers Squibb pour aider à rétablir la réponse immunitaire antitumorale, a été administré en néoadjuvant — c’est-à-dire avant l’intervention chirurgicale — en combinaison avec la chimiothérapie. Dans le cadre de l’essai, la thérapie combinée a produit une réduction de 37 % du risque de récidive, de progression du cancer ou de décès comparativement à la chimiothérapie seule. De plus, la période médiane de survie sans événement — le temps écoulé entre l’inscription à l’essai et la progression ou la récurrence de la maladie ou le décès — a augmenté de près d’un an grâce au nouveau traitement.

Tels sont les principaux résultats de l’essai international CheckMate-816, pour lequel le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a été un contributeur clé et un recruteur majeur. À la lumière des données de cet essai multicentrique randomisé et ouvert, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a approuvé le traitement pour les patients opérables au stade approprié. Les résultats de l’essai ont été présentés lors de la réunion annuelle de l’American Association for Cancer Research (AACR) le 11 avril 2022, et publiés simultanément dans le New England Journal of Medicine.

Le Dr Jonathan Spicer est scientifique au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill
Le Dr Jonathan Spicer est scientifique au sein du Programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

« Cette thérapie combinée innovante risque de changer complètement notre façon de soigner les patients atteints de cancer du poumon. La norme précédente était l’intervention chirurgicale suivie d’une chimiothérapie, cependant seulement 50 % de nos patients se rendent à la chimiothérapie. Avec ce nouveau traitement, plus de 95 % des patients pourront recevoir une chimio-immunothérapie avant d’être opérés. Cette approche prolongera leur survie et nous permettra, à nous chirurgiens, de leur proposer une intervention chirurgicale moins invasive et moins complexe », explique le chirurgien principal de l’étude et membre du comité directeur, le Dr Jonathan Spicer, directeur médical du réseau d’oncologie thoracique McGill, chercheur au Programme de recherche sur le cancer de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et chirurgien thoracique à l’Hôpital général de Montréal du CUSM.

Améliorer les perspectives de survie

Au Canada, en moyenne, environ 19 % des personnes recevant un diagnostic de cancer du poumon vivent cinq ans ou plus. D’après l’étude, à peine un quart des patients atteints d’un cancer du poumon non à petites cellules peuvent être traités par chirurgie. Parmi les patients qui subissent une opération curative, 30 à 55 % présentent une récidive et finissent par succomber à la maladie.

« Ces statistiques désolantes nous motivent à développer des thérapies susceptibles d’augmenter le taux de réussite des interventions chirurgicales et les perspectives de survie des patients », explique le Dr Spicer, qui est aussi professeur agrégé de chirurgie à l’Université McGill.

Tous les participants à l’essai présentaient un cancer du poumon non à petites cellules opérable de stade IB à IIIA et n’avaient reçu aucun traitement anticancéreux antérieur. La moitié des 352 patients a reçu trois cycles de nivolumab (360 mg) combinés à une chimiothérapie, et l’autre moitié a reçu trois cycles de chimiothérapie seulement, avant de subir une intervention chirurgicale (parfois annulée pour des raisons individuelles). Assignés de manière aléatoire à l’un ou l’autre des traitements, les participants étaient globalement représentatifs de la population atteinte du cancer du poumon.

Chez les patients ayant reçu le traitement combiné, la durée médiane de survie sans événement a été de 31,6 mois, contre 20,8 mois pour les patients traités par chimiothérapie uniquement. Un an après le début de l’étude, le pourcentage estimé de patients ayant survécu sans progression ou récidive de la maladie était de 76,1 % avec le nivolumab combiné à la chimiothérapie, contre 63,4 % avec la chimiothérapie seule. Après deux ans, les valeurs correspondantes étaient de 63,8 % et de 45,3 %. On a constaté à cette période une amélioration de 12 % du taux de survie globale chez les patients ayant reçu la chimiothérapie et le nivolumab (plus précisément, 82,7 % des patients étaient encore en vie dans ce groupe, contre 70,6 % dans le groupe ayant reçu seulement la chimiothérapie).

Les scientifiques ont par surcroit analysé les cellules tumorales résiduelles à la fin du traitement. Ils ont constaté que 24 % des patients du groupe ayant reçu le nivolumab présentaient une réponse pathologique complète au traitement, c’est-à-dire une absence de cellules tumorales viables résiduelles dans la tumeur primaire et les ganglions lymphatiques prélevés. Seuls 2,2 % des patients de l’autre groupe présentaient une telle réponse complète.

Faciliter les interventions chirurgicales

La thérapie combinée est également apparue apte à réduire la durée des interventions chirurgicales et à favoriser le recours à des approches beaucoup moins invasives, particulièrement chez les patients souffrant d’un cancer de stade plus avancé.

« L’intervention chirurgicale demeure la pierre angulaire pour traiter les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules, dit le Dr Spicer. Le simple fait que le nivolumab néoadjuvant combiné à la chimiothérapie rende possible des opérations plus courtes, moins invasives et moins complexes sans augmenter les effets indésirables ni les complications est extrêmement significatif pour les chirurgiens thoraciques et leurs patients. Ces résultats, accompagnés d’une amélioration des taux de survie, pourraient changer totalement la façon dont les chirurgiens et les oncologues collaborent pour guérir les patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules résécable. »

D’importantes collaborations

Fruit d’un effort international ayant réuni des cliniciens et des scientifiques d’Europe, d’Amérique et d’Asie, l’essai CheckMate-816 a été financé par Bristol Myers Squibb et dirigé par Patrick M. Forde, du Bloomberg-Kimmel Institute for Cancer Immunotherapy et du Johns Hopkins Kimmel Cancer Center à Baltimore. Les apports du Centre de médecine innovatrice de l’IR-CUSM et d’autres partenaires et établissements de recherche du Québec ont par ailleurs été essentiels au succès de cette étude.

« Parmi les 150 sites cliniques impliqués dans l’essai, le CUSM a été non seulement l’un des principaux recruteurs mondiaux, mais aussi le premier à recruter un patient, déclare le Dr Spicer. Cette réussite est due à l’incroyable collaboration entre les équipes de radio-oncologie, de pathologie, de chirurgie thoracique, d’oncologie médicale et de pneumologie. Je tiens à souligner le soutien de l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman par le biais du Consortium québécois contre le cancer et du Réseau de cancérologie pulmonaire du Québec, et à remercier la Fondation Rossy, la Fondation de l’Hôpital général de Montréal et la Fondation du cancer des Cèdres pour leur indéfectible soutien à la lutte contre le cancer du poumon. »

Au Québec, le Centre hospitalier de l’Université de Montréal a également contribué de façon significative à l’étude, sous la direction du Dr Moishe Liberman. Le CISSS de l’Outaouais a aussi recruté des patients, de sorte que plus de 10 % de la totalité des inscriptions à l’essai a été issue de sites québécois.

À propos de l’étude

L’étude “Neoadjuvant Nivolumab plus Chemotherapy in Resectable Lung Cancer” a été réalisée par Patrick M. Forde, M.B., B.Ch., Jonathan Spicer, MD, Ph. D., Shun Lu, MD, Ph. D., Mariano Provencio, MD, Ph. D., Tetsuya Mitsudomi, MD, Ph. D., Mark M. Awad, MD, Ph. D., Enriqueta Felip, MD, Ph. D., Stephen R. Broderick, MD, M.P.H.S., Julie R. Brahmer, MD, Scott J. Swanson, MD, Keith Kerr, M.B., Ch.B., Changli Wang, MD, Ph. D., Tudor-Eliade Ciuleanu, MD, Ph. D., Gene B. Saylors, MD, Fumihiro Tanaka, MD, Ph. D., Hiroyuki Ito, MD, Ph. D., Ke-Neng Chen, MD, Moishe Liberman, MD, Ph. D., Everett E. Vokes, MD, Janis M. Taube, MD, Cecile Dorange, M.S., Junliang Cai, MD, Joseph Fiore, Pharm.D., Anthony Jarkowski, Pharm.D., David Balli, Ph. D., Mark Sausen, Ph. D., Dimple Pandya, MD, Christophe Y. Calvet, Ph. D., et Nicolas Girard, MD, Ph. D.

À propos du Centre universitaire de santé McGill

Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est l’un des centres hospitaliers universitaires les plus réputés au monde. Fort du leadership médical de ses hôpitaux fondateurs, le CUSM prodigue des soins multidisciplinaires d’une qualité exceptionnelle centrés sur les besoins des patients. Affilié à la Faculté de médecine de l’Université McGill, le CUSM continue de façonner le cours de la médecine pédiatrique et adulte en attirant des sommités cliniques et scientifiques du monde entier, en mettant à l’essai des technologies médicales de pointe et en formant les professionnels de la santé de demain. En collaboration avec les partenaires de notre réseau, nous construisons un avenir meilleur pour nos patients et leurs familles, pour nos employés, nos professionnels, nos chercheurs et nos étudiants, pour notre communauté et surtout, pour la vie. www.cusm.ca

À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
Fabienne.landry [at] muhc.mcgill.ca
514 812-7722