Fil d'Ariane

null Maladies respiratoires rares : Combiner l’expertise respiratoire et en immunologie auprès des enfants et adultes

Dr Donald Vinh et Dr Adam Shapiro
Dr Donald Vinh et Dr Adam Shapiro

L’IR-CUSM est l’un des huit centres de recherche participant à un projet financé par les National Institutes of Health pour approfondir notre connaissance des maladies respiratoires suppuratives rares et innover dans le domaine.

20 novembre 2019

Source: CUSM. L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est fier de faire partie du Genetic Disorders of Mucociliary Clearance Consortium (GDMCC), consacré à accélérer la compréhension et le traitement des causes génétiques rares des maladies suppuratives des voies respiratoires, une affection qui provoque chez les patients des pneumonies et des bronchectasies récurrentes (dommages aux voies respiratoires). Le Consortium, qui fait partie du Rare Disease Clinical Research Network (RDCRN), a reçu du National Center for Advancing Translational Sciences (NCATS) et du National Heart Lung and Blood Institute (NHLBI) une somme d’environ 7,5 millions de dollars américains pour mener au cours des cinq prochaines années des essais cliniques déterminants auprès de patients atteints de maladies pulmonaires rares. Lorsque ces patients développent une infection, l'approche médicale habituelle consiste à administrer des antibiotiques; cependant, il arrive souvent qu'on ne procède pas à une évaluation de la cause sous-jacente de leur état, ce qui empêche un traitement optimal.

« Le CUSM est l’un des deux seuls établissements canadiens — et le seul au Québec — à recevoir cette prestigieuse subvention des NIH », affirme le Dr Adam Shapiro, chercheur du Programme en santé de l’enfant et en développement humain de l’IR-CUSM et pneumologue-pédiatre à l’Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM, ainsi que responsable de l’étude à l’IR-CUSM. « Par ailleurs, nous sommes le seul établissement canadien à réunir l’expertise en immunologie et l’expertise respiratoire avec l’expertise pédiatrique et adulte. »

Au cours de ce cycle de subvention, le Consortium travaillera à identifier et à caractériser les immunodéficiences primaires (troubles génétiques du système immunitaire dont les manifestations dans les voies respiratoires supérieures et inférieures s’apparentent à la dyskinésie ciliaire primaire, ou DCP) ainsi que d’autres maladies des voies respiratoires. La DCP est une maladie génétique rare des cils — les structures microscopiques qui balaient les voies respiratoires, les oreilles et les sinus pour les protéger des infections — qui entraîne des maladies chroniques des voies respiratoires, des défauts de latéralité des organes, et l’infertilité.

Le but plus précis de cette étude est de déterminer chez les patients atteints ou soupçonnés d’être atteint de DCP s’il y a présence de mutations génétiques (gènes au développement différent) causant la DCP. Ces patients seront identifiés et recrutés à partir d’une évaluation clinique et en laboratoire.

« Il se trouve que certains de ces patients n’ont pas de DPC, mais plutôt une immunodéficience génétique rare qui cause des pneumonies et des bronchectasies récurrentes », explique le Dr Donald Vinh, scientifique du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale au IR-CUSM, médecin en maladies infectieuses et microbiologie au CUSM et co-chercheur de l’étude à l’IR-CUSM. « Grâce à cette étude, ces patients bénéficieront de tests génétiques complets pour ces types de maladies rares du poumon et du système immunitaire. On ne les considérera plus comme un “mystère clinique” », dit le Dr Vinh.

« Les personnes atteintes de DCP n’arrivent pas à dégager convenablement le mucus de leurs poumons, ce qui entraîne de nombreuses infections bronchiques. Mais parce que les symptômes de la DCP s’apparentent à ceux de plusieurs maladies pulmonaires courantes, la maladie est extrêmement difficile à diagnostiquer et passe souvent inaperçue », explique le Dr Shapiro, qui travaille depuis cinq ans avec le Consortium pour établir des critères de diagnostic. « Jusqu’à présent, nous avons identifié 44 gènes différents qui causent ceci. »

« Au CUSM, nous avons pu diagnostiquer l’un des plus importants nombres de patients atteints de DCP au monde », affirme le Dr Shapiro, dont les tests diagnostiques de pointe incluent des analyses phénotypiques et génotypiques. « Nous détenons aussi l’une des seules machines au Canada qui peut mesurer de façon non invasive l’oxyde nitrique nasal, un gaz évacué par le nez et dont la présence s’avère très faible chez les patients atteints de DCP. »

À l’heure actuelle, la plupart des médecins ne disposent pas des moyens pour étudier la cause des maladies pulmonaires chez leurs patients. C’est pourquoi de plus en plus de pneumologues et d’immunologistes de partout au Canada confient leurs patients au Dr Shapiro lorsqu’ils soupçonnent un cas de DCP, tant chez un enfant que chez un adulte. Quand la probabilité d’une DCP semble faible, le Dr Vinh vérifie la présence d’un déficit immunitaire, et vice versa. Le Dr Reza Alizadehfar, chercheur secondaire dans cette étude, veille à combler le fossé entre la médecine adulte et pédiatrique en offrant des consultations en immunologie à l’Hôpital de Montréal pour enfants et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM.

« Adam, Reza et moi travaillons en étroite collaboration. Nous voulons accueillir tous ces orphelins médicaux qui viennent à nous avec des problèmes respiratoires rares, pour pouvoir décrire leurs symptômes de manière scientifique et examiner la génétique des déficiences immunitaires », explique le Dr Vinh.

La génétique ouvre le champ à la médecine personnalisée et au développement de nouvelles thérapies géniques ciblées. Grâce à elle, il est possible de déterminer quels membres d’une famille sont à risque, et, suite à d’autres études, des mesures préventives pour les nouveau-nés pourraient être proposées.

Selon les deux scientifiques, qui sont aussi professeurs agrégés à l’Université McGill, « pour toutes ces raisons, la génétique est la voie à suivre. »

« Tout cela est très emballant et donne beaucoup d’espoir à nos patients, dit le Dr Shapiro. Il s’agit là de recherche véritablement axée sur le patient, et intégrée aux soins cliniques. »


À propos du Genetic Disorders of Mucociliary Clearance Consortium

Le Consortium est composé de huit centres de recherche principaux. Ceux-ci travaillent en partenariat avec des organisations de défense des droits des patients, telles que la PCD Foundation, la Immune Deficiency Foundation et la Jeffrey Modell Foundation. Outre les chercheurs principaux du GDMCC, les Drs Stephanie Davis et Thomas Ferkol, les chercheurs des autres centres incluent les Drs Margaret Leigh et Michael Knowles (Université de Caroline du Nord à Chapel Hill), Dr Scott Sagel (The Children’s Hospital Colorado), Dr. Margaret Rosenfeld (Seattle Children’s Hospital), Dr Adam Shapiro (Centre universitaire de santé McGill, Montréal, Canada), Dr Sharon Dell (The Hospital for Sick Children, Toronto, Canada), Dr Carlos Milla (Stanford University Medical Center) et Dr Kenneth Olivier (NHLBI, Bethesda, MD).

Le Genetic Disorders of Mucociliary Clearance Consortium est soutenu par la subvention des NCATS/NHLBI 2U54HL096458.

Visitez le site du GDMCC pour plus de détails :
https://www.rarediseasesnetwork.org/cms/gdmcc