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null Un outil sûr et efficace pour réduire la surcharge de médicaments chez les aînés
8 octobre 2019
Montréal – Les personnes âgées se voient souvent prescrire plusieurs médicaments pour différents problèmes de santé. Bien que certains médicaments soient nécessaires, la polypharmacie et la surcharge de médicaments peuvent être coûteuses et même dangereuses. Or, réduire le nombre de médicaments potentiellement inappropriés que les aînés prennent au quotidien constitue un défi constant.
Dans l’une des plus importantes études sur la déprescription jamais réalisées en soins aigus en Amérique du Nord, une équipe de chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a démontré que MedSécure, un outil électronique primé d’aide à la décision, pourrait aider les médecins et les pharmaciens à réduire la surcharge de médicaments chez les aînés. L’étude a été publiée en septembre 2019 dans le Journal of the American Geriatrics Society, et l’outil gagne déjà en popularité. Il sera bientôt adopté dans les unités de soins de longue durée du Nouveau-Brunswick, ainsi que dans plusieurs établissements en Ontario.
« Effectuer un bilan de prescription s’avère une démarche complexe pour les équipes interprofessionnelles, et implique souvent des décisions compliquées », explique la Dre Emily McDonald, première auteure de l’étude, scientifique à l’IR-CUSM et médecin à la Division de médecine générale interne du CUSM. « Par surcroit, le recoupement de médicaments et de conditions médicales multiples chez un grand nombre de patients demande du temps et des ressources qui ne sont pas toujours disponibles. »
Avec MedSécure, les médecins et les pharmaciens peuvent rapidement passer en revue les médicaments pris par un aîné hospitalisé et recommander à l’équipe médicale ceux qu’elle pourrait considérer réduire ou arrêter. MedSécure fournit également une liste des médicaments potentiellement inappropriés et génère des « rapports d’options de déprescription » pour les équipes soignantes. Il peut prendre en compte toutes les règles de déprescription incluses dans les listes des critères de Beers de l’American Geriatrics Society, du Screening Tool of Older People’s Prescriptions (STOPP) et de Choisir avec soin.
« C’est un outil qui permet aux professionnels de la santé de gagner du temps », affirme le Dr Todd Lee, coauteur principal de l’étude, chercheur à l’IR-CUSM et professeur agrégé de médecine à l’Université McGill. « Accéder rapidement à des recommandations à jour peut les aider à remplacer ou même à arrêter certains médicaments inappropriés de manière sécuritaire. L’outil peut ainsi être utilisé comme une feuille de route par le prescripteur. »
« Certains médicaments causent des pertes de mémoire et augmentent le risque de chutes, de fracture de la hanche et de visites à l’urgence », ajoute la Dre McDonald, qui est également professeure adjointe de médecine à l’Université McGill. « Il est important d’effectuer un bilan de prescription et d’arrêter les médicaments potentiellement problématiques pour aider les personnes âgées à maintenir leur indépendance, leur mobilité et leurs facultés cognitives. »
Susan Bartlett, dont la mère a participé à l’étude, témoigne de son expérience :
« Quand elle est entrée à l'hôpital après une chute, ma mère prenait une quinzaine de médicaments par jour, dit-elle. Je m'inquiétais de tous ces médicaments chez une personne âgée et j'en parlais souvent à ses médecins. Mais ils semblaient réticents à apporter des changements, au cas où cela créerait de nouveaux problèmes. Dans le cadre de cette étude, ses médecins ont pu voir immédiatement les médicaments dont elle pouvait potentiellement réduire ou cesser l’usage. Nous étions tous les deux ravis d'apprendre cela. »
La méthode
Cette étude pilote avant-après s’est déroulée entre septembre 2016 et mai 2017 auprès de 1 066 patients âgés de 65 ans et plus dans quatre unités de médecine interne et d’enseignement clinique à Montréal, Ottawa et Toronto. Ces patients avaient un pronostic prévu d’au moins trois mois et prenaient au moins cinq médicaments habituels à domicile au moment de leur admission. MedSécure a détecté chez 82 % des participants au moins un médicament potentiellement inapproprié ou nocif.
Dans la phase de référence, 418 patients ont reçu des soins habituels, tandis que dans la phase d’intervention, 455 patients ont été évalués à l’aide de MedSécure. Les équipes cliniques étaient libres de répondre à leur guise aux possibilités de déprescription générées par l’outil électronique.
Pour éviter la problématique de vérification d’hypothèses multiples, les chercheurs ont tenu compte de plusieurs variables pouvant affecter la relation entre l’intervention et le résultat chez le patient, dont l’âge, le sexe, la langue, la fragilité et le nombre de médicaments pris avant l’admission, entre autres.
Les résultats
Dans la phase d’intervention, les chercheurs ont observé une proportion accrue (8,3 %) de patients chez qui un ou plusieurs médicaments potentiellement inappropriés avaient été déprescrits au congé de l’hôpital. Les chercheurs ont également étudié un résultat secondaire, soit l’apparition d’événements indésirables, liés aux médicaments ou non, dans les 30 jours suivant le congé de l’hôpital. Parmi les 410 patients qui ont été interrogés au bout d’un mois, aucune augmentation d’effets indésirables résultant de l’arrêt de médicaments proposé par MedSécure n’a été notée.
« Ma mère et moi espérions réduire en toute sécurité le nombre de médicaments qu'elle prenait depuis plus d'une décennie, explique Susan Bartlett. Je suis très heureuse de savoir qu'il y a quelque chose qui peut aider les médecins partout dans le monde. Nous avons besoin d'outils qui permettent aux médecins de savoir plus facilement quand et comment réduire les médicaments, surtout chez les personnes âgées. C'est une partie essentielle mais négligée des soins aux aînés. »
L’avenir de MedSécure
L’an dernier, MedSafer a reçu le Viewers’ Choice Award de la CBC, en reconnaissance d’initiatives novatrices dans le domaine des soins de santé. L’équipe de recherche travaille actuellement à développer une version destinée aux patients et effectue une étude plus vaste, portant sur 6 000 patients à travers 11 hôpitaux canadiens, pour évaluer l’impact de l’outil sur la prévention des effets indésirables des médicaments.
À propos de l’étude
L’article The MedSafer Study: A Controlled Trial of an Electronic Decision Support Tool for Deprescribing in Acute Care a été écrit par Emily G. McDonald, MD, MSc ; Peter E. Wu, MD, MSc ; Babak Rashidi, MD, MHI ; Alan J. Forster, MD, MSc ; Allen Huang, MDCM; Louise Pilote, MD, PhD; Louise Papillon-Ferland, BPharm, MSc ; André Bonnici, BPharm; Robyn Tamblyn, PhD ; Rachel Whitty, BScPhm; Sandra Porter, BPharm; Kiran Battu, BPharm; James Downar, MD et Todd C. Lee, MD, MPH
DOI: https://doi.org/10.1111/jgs.16040
Ce travail a été rendu possible grâce au financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), du Canadian Frailty Network et du Fonds de recherche du Québec — Santé (FRQS).
Contenu complémentaire
Contact média:
Fabienne Landry
Communications, Recherche
Centre universitaire de santé McGill
(514) 812-7722
fabienne.landry@muhc.mcgill.ca