Fil d'Ariane
- Nouvelles et événements
- Nouvelles
- Content
- Des lacunes importantes dans les études établissant un lien entre la COVID-19 et la pollution de l’air
null Des lacunes importantes dans les études établissant un lien entre la COVID-19 et la pollution de l’air
Des études doivent encore prouver l’existence du lien entre la COVID-19 et la pollution de l’air, selon des épidémiologistes des universités Carleton et McGill
Le 9 septembre 2020
Source : Salle de presse de l’Université Carleton ̶ Paul Villeneuve, professeur à l’Université Carleton, et Mark Goldberg, scientifique senior à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR CUSM), ont publié une nouvelle étude, mettant en question les liens établis par certains auteurs entre la pollution de l’air et la mortalité attribuable à la COVID-19. Leur article, intitulé Methodological considerations for epidemiological studies of air pollution and the SARS and COVID-19 coronavirus outbreaks, a été publié dans Environmental Health Perspectives.
« Nous croyons fermement qu’en période de pandémie active, il n’est aucunement dans l’intérêt public d’effectuer des analyses visant à établir le lien entre la pollution de l’air et la mortalité attribuable à la COVID-19, a déclaré Paul Villeneuve, professeur à l’École de mathématiques et statistique de l’Université Carleton. Il est déjà bien établi que la pollution de l’air présente un risque pour la santé humaine, et nous estimons que la réalisation de telles études n’apporterait aucune valeur ajoutée. Bon nombre des études établissant un lien entre la pollution de l’air et la mortalité attribuable à la COVID-19 n’ont pas fait l’objet d’une révision par des pairs et ne tiennent pas compte de l’augmentation du nombre de cas d’infection à la COVID 19 ni de leurs conséquences sur la santé imputables à des facteurs comme les problèmes sociaux, les disparités de revenus, le surpeuplement et d’autres enjeux sociétaux. »
La nouvelle étude dont il est ici question se veut une réponse à un certain nombre d’articles prétendant démontrer que les taux de mortalité attribuable à la COVID-19 augmentent dans les régions présentant des concentrations plus élevées de divers types de pollution de l’air, essentiellement des particules fines. La plupart des études établissant un tel lien ont été publiées dans des pages Web, et non dans des publications scientifiques avec examen par des pairs. Malgré tout, les médias grand public ont commenté de tels travaux de recherche, tout comme les candidats aux élections présidentielles américaines, qui les ont intégrés à leur plateforme électorale respective.
Pour sa part, Mark Goldberg a affirmé qu’« à l’échelle mondiale, il existe des preuves irréfutables selon lesquelles les personnes démunies, celles qui n’ont pas d’assurance-maladie ou celles qui vivent dans des logements surpeuplés sont plus susceptibles de contracter la COVID-19 et d’en mourir. Ces personnes vivent souvent dans des régions où le taux de pollution de l’air est plus élevé que dans les régions plus riches; aussi, l’une des lacunes des études établissant le lien entre la pollution de l’air et la COVID-19 est de ne pas pouvoir tenir compte de ce facteur. »
Un article important, qui n’a pas encore été publié, provenait de la T.H. Chan School of Public Health de l’Université Harvard. Le 4 avril 2020, le New York Times a rapporté que des scientifiques de Harvard avaient découvert l’existence d’un lien entre les particules fines associées à la pollution de l’air et l’augmentation du taux de décès attribuable à la COVID-19. Cette étude n’a pas encore été publiée, mais on y a fait référence à maintes reprises dans les médias. Les auteurs de cet article ont initialement déclaré que les personnes vivant dans une région présentant seulement une légère augmentation de l’exposition aux particules fines associées à la pollution de l’air (1 µg/m3) étaient 15 pour cent plus susceptibles de mourir de la COVID-19. Moins d’un mois plus tard, les chercheurs ont fourni une mise à jour de l’évaluation de ce risque, qui avait été réduit à environ huit pour cent. À l’instar d’autres études sur ce sujet, l’article susmentionné n’a pas encore fait l’objet d’une révision en profondeur par d’autres experts du domaine, visant à évaluer la qualité de la recherche ainsi que la validité des résultats.
Lorsque Paul Villeneuve et Mark Goldberg ont analysé les travaux de recherche sur l’incidence de la pollution de l’air sur la mortalité attribuable au syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ou à la COVID-19, ils ont conclu que l’ensemble de ces études présentaient de sérieuses lacunes. La plupart de ces études utilisaient une méthodologie d’étude écologique, alors que les études écologiques n’utilisent pas de données au niveau individuel. En outre, ces études ne sont pas bien perçues en épidémiologie, car elles comportent de nombreuses limites, les empêchant d’avoir une connaissance profonde des liens de cause à effet. Enfin, ces études ne rapportaient pas tous les cas de décès attribuables à la COVID-19, ne tenaient pas compte des différences quant au statut socioéconomique ou quant à la race ni des différences régionales en termes de comportements, comme le port du masque et la distanciation physique. Elles ne prenaient pas en compte non plus le fait que les cas de COVID-19 et les décès attribuables à cette maladie surviennent dans des grappes de cas au sein de populations vulnérables.
Paul Villeneuve et Mark Goldberg soutiennent que, compte tenu des limites des données actuellement disponibles, pour le moment, les études épidémiologiques ne peuvent pas évaluer dans quelle mesure la pollution de l’air accroît le risque de mourir de la COVID-19.
Personne-ressource pour les médias
Steven Reid
Agent de relations avec les médias
Université Carleton
613-265-6613
Steven.Reid3@carleton.ca