Fil d'Ariane

null Des critères musclés pour diagnostiquer la sarcopénie

Stéphanie Chevalier, docteure en nutrition et scientifique au sein du programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM, avec son étudiante Anne-Julie Tessier, première auteure de l’étude.

Des chercheurs proposent des outils diagnostiques pour identifier et éventuellement limiter les effets de la sarcopénie, une maladie qui diminue significativement la qualité de vie de la population vieillissante.

3 septembre 2019

Source: CUSM. Montréal - Des scientifiques de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR‑CUSM) ont déterminé de nouveaux critères pour le diagnostic de la sarcopénie, une maladie causant une perte de masse et de force musculaires chez les personnes âgées. Remplaçant des critères établis de façon arbitraire il y a une vingtaine d’années,  les seuils proposés par les chercheurs pourraient mener à un meilleur accompagnement des personnes affectées par la maladie et à la mise en place de stratégies de prévention pour en retarder les effets. Les résultats de leur étude ont été publiés en juillet 2019 dans le Journal of Cachexia, Sarcopenia and Muscle.

« Au cours des deux dernières décennies, les méthodes de recherche et les caractéristiques de la population ont changé; une mise à jour des critères diagnostiques de la sarcopénie était donc de mise, explique une des co-auteures de l’étude, Stéphanie Chevalier, docteure en nutrition et scientifique au sein du programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM. Les nouveaux critères permettront aux professionnels de la santé d’avoir un standard à partir duquel poser le diagnostic et ainsi, de parler le même langage. »

Déclarée maladie en 2016, lors d’une révision du code international des maladies, la sarcopénie s’accompagne souvent d’une perte de force musculaire (dynapénie) et conséquemment d’une performance physique amoindrie au quotidien. 

« Il est important que les médecins et spécialistes identifient la présence de la sarcopénie et de la dynapénie chez leurs patients, car ces deux conditions peuvent engendrer différents problèmes lorsqu’ils sont hospitalisés ou lorsqu’ils luttent contre une infection, précise la Pre Chevalier, également professeure agrégée à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill. Par exemple, des complications surviennent plus fréquemment lorsqu’un patient âgé sarcopénique se retrouve en situation post-opératoire. »

Nouveaux critères pour le diagnostic de la sarcopénie et la dynapénie

Pour déterminer ces nouveaux critères, l’équipe de chercheurs a travaillé avec des données recueillies auprès de 9000 participants âgés de 65 à 86 ans, de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement.  Ceux-ci ont été recrutés de 2011 à 2015, dans onze villes au Canada. Différents tests et mesures ont été réalisés pour évaluer la masse et la force musculaires, ainsi que la fonction physique des participants, notamment des tests de vitesse de marche, d’équilibre, de capacité à se lever d’une chaise et d’exécution de diverses manœuvres simples.

Prévenir la perte musculaire chez les personnes âgées

Dès l’âge de 50 ans, une perte de la masse musculaire de l’ordre de 0,5 % à 1 % par année est observée chez la population adulte, menant progressivement à un déclin de la mobilité, de l’autonomie et finalement de la qualité de vie en général. Or, les nouveaux critères permettront non seulement de diagnostiquer la présence de la maladie mais pourraient aussi aider à la prévenir. Les cliniciens pourront proposer des stratégies de prévention aux patients qui, entre autres, frôlent les seuils établis. L’exercice physique et une alimentation protéinée sont des éléments incontournables à mettre de l’avant si l’on veut améliorer sa condition musculaire et vivre une vieillesse tout en muscle.

 « La perte de masse musculaire est inévitable à partir d’un certain âge; même les plus grands athlètes sont victimes de cette condition liée au vieillissement, rappelle la Pre Chevalier. Toutefois, une bonne hygiène de vie pourrait contribuer à retarder les effets de la maladie. Nous travaillons à déterminer quelles sont les meilleures approches préventives.»

À propos de l’étude

L’étude intitulée Physical function-derived cut-points for the diagnosis of sarcopenia and dynapenia from the Canadian longitudinal study on aging, a été réalisée par Anne-Julie Tessier et Stéphanie Chevalier de l’École de nutrition humaine de l’Université McGill et de l’IR-CUSM et Simon S. Wing, Elham Rahme, et José A. Morais de l’IR‑CUSM. DOI: 10.1002/jcsm.12462

Ce travail a été rendu possible grâce au financement des Instituts de recherche en santé du Canada.

À propos de l’Institut de recherche du CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche réputé mondialement dans les domaines des sciences biomédicales et des soins de santé. L’Institut, qui est affilié à la Faculté de médecine de l’Université McGill, est la base de recherche du CUSM, un centre hospitalier universitaire établi à Montréal, au Canada, qui a pour mandat de se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 420 chercheurs et près de 1200 stagiaires de recherche consacrés à un large éventail de domaines de recherche fondamentale, clinique et sur les résultats en santé sur les sites Glen et de l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Leurs installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui encourage la collaboration et la découverte visant à améliorer l’état de santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est notamment appuyé par le Fonds de la recherche en santé du Québec (FRSQ).