Fil d'Ariane

null Une équipe de l’IR-CUSM détecte l’impact de la thérapie antirétrovirale contre le VIH sur la réponse immunitaire antituberculeuse

Les macrophages alvéolaires, des cellules importantes dans la protection contre l’infection à la tuberculose, subissent des effets négatifs de la thérapie antirétrovirale.

Source : IR-CUSM. Publiée en ligne dans le Journal of Clinical Investigation, une nouvelle étude de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) a révélé l’incidence négative de la thérapie antirétrovirale sur les cellules clés de l’immunité innée pulmonaire.

L’étude fut menée par Erwin Schurr, Ph. D., en collaboration avec Jean-Pierre Routy, M.D., tous deux membres du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale, et Ronald Olivenstein, M.D., membre du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires à l’IR-CUSM. L’équipe de recherche a étudié l’impact du VIH et de la thérapie antirétrovirale sur la réponse transcriptomique et épigénétique des macrophages alvéolaires à Mycobacterium tuberculosis (Mtb), l’agent causal de la tuberculose.

« Les personnes vivant avec le VIH ont un risque accru de développer la tuberculose », explique le Dr Schurr. « Cette susceptibilité accrue persiste même chez les personnes vivant avec le VIH ayant suivi une thérapie antirétrovirale s’étant avérée fructueuse. »

Afin de mieux comprendre cette susceptibilité accrue à la tuberculose, l’équipe de recherche a étudié la réponse des macrophages alvéolaires à l’infection à la tuberculose. Les cellules des macrophages alvéolaires constituent les « premiers répondants » du système immunitaire inné et elles possèdent une fonction antituberculeuse. « Puisque les macrophages alvéolaires sont les premières cellules humaines à rencontrer le pathogène Mtb, nous nous sommes intéressés à l’évaluation de l’impact du VIH et de la thérapie antirétrovirale sur cette étape critique de l’infection par Mtb, » declare le Dr Schurr.

L’équipe de recherche a eu recours à trois groupes de participants : des participants en santé non atteints du VIH, des participants suivant un traitement de prophylaxie préexposition contre l’infection au VIH, et des participants vivant avec le VIH suivant une thérapie antirétrovirale à long terme.

« Nous avons découvert que la réponse transcriptionnelle des macrophages alvéolaires à Mycobacterium tuberculosis est réduite chez les personnes vivant avec le VIH suivant une thérapie antirétrovirale à long terme », déclare Wilian Macedo, un candidat au Ph. D. dans le laboratoire du Dr Schurr et co-premier auteur de l’étude.

De plus, la réponse transcriptionnelle atténuée à Mtb est accompagnée d'un blocage des modifications de la chromatine dans les macrophages alvéolaires. Les modifications de la chromatine sont la base d’une réponse cellulaire anti-pathogène efficace », ajoute Vinicius Fava, Ph. D., également premier co-auteur de l’étude et associé de recherche avec le Dr Schurr.

Les cellules du macrophage alvéolaire (image par Marianna Orlova, Ph. D.), les premiers auteurs Vinicius Fava, Ph. D., et Wilian Macedo, candidat au Ph. D.
Les cellules du macrophage alvéolaire (image par Marianna Orlova, Ph. D.), les premiers auteurs Vinicius Fava, Ph. D., et Wilian Macedo, candidat au Ph. D.

Étonnamment, l’équipe a également découvert que les macrophages alvéolaires des participants suivant un traitement de prophylaxie préexposition contre l’infection au VIH répondaient d’une manière très similaire aux macrophages alvéolaires isolés des participants vivant avec le VIH, ce qui démontre un impact dominant et négatif des antirétroviraux.

« Ces résultats sont importants, puisque la thérapie antirétrovirale prophylactique est en cours de déploiement dans le monde entier. Ces résultats sonnent l’alarme quant au fait qu’elle pourrait soudainement accroître le risque de maladie pulmonaire plus communément lié au VIH et au traitement antirétroviral », explique Wilian Macedo.

« Travailler avec le groupe du Dr L. Barreiro de l’Université de Chicago nous a permis d’utiliser des technologies et des analyses de science omique de pointe pour découvrir l’impact de la thérapie antirétrovirale sur la structure de la chromatine », explique le Dr Fava.

« Notre article démontre que la thérapie antirétrovirale a de grands effets négatifs sur le paysage épigénétique et la réactivité transcriptionnelle à Mtb des macrophages alvéolaires. Les enjeux principaux sont maintenant de décortiquer les mécanismes propres à ces effets négatifs, de décrire le possible lien au risque de tuberculose et d’étudier si ces effets négatifs sont liés à l’interaction entre le pathogène Mtb et les macrophages alvéolaires, ou s’ils s’appliquent également aux autres cellules immunitaires et différents pathogènes humains », conclut le Dr Schurr.

À propos de l’étude :

Lisez la publication dans le Journal of Clinical Investigation

Les auteurs remercient sincèrement les National Institutes of Health, le Fonds de recherche du Québec-Santé (FRQ-S) pour leur appui, et Compute Canada et Calcul Québec pour l’utilisation de leurs ressources informatiques.

Les auteurs remercient la plateforme technologique de CN3 de l’IR-CUSM.

22 octobre 2021