Fil d'Ariane

null Une étude de l’IR-CUSM démontre l’existence d’un lien entre faible masse musculaire et déclin cognitif

Une publication récente, parue dans JAMA Network Open, décrit un déclin plus rapide des fonctions exécutives chez les adultes plus âgés dont la masse musculaire est plus faible

Montréal, le 20 juillet 2022 —De plus en plus répandue dans le monde, la démence affecte négativement la vie de millions de personnes et de leurs familles. Au moment du diagnostic, le processus semble irréversible. Des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et de l’École de nutrition humaine de l’Université McGill ont toutefois identifié un facteur modifiable qui pourrait être utilisé pour réduire le risque de développer l’affection, avant qu’il ne soit trop tard. Récemment publiés dans JAMA Network Open, leurs travaux font ressortir l’importance de la masse musculaire en tant que facteur indépendant lié au risque d’accélération du déclin cognitif.

Photo datant de septembre 2019 : Stéphanie Chevalier, docteure en nutrition et scientifique au sein du programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM, avec la première auteure de l’étude, Anne-Julie Tessier.
Photo datant de septembre 2019 : Stéphanie Chevalier, docteure en nutrition et scientifique au sein du programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications à l’IR-CUSM, avec la première auteure de l’étude, Anne-Julie Tessier.

« Une faible force musculaire a récemment été associée à un risque plus élevé de démence, mais on sait encore peu de choses sur l’existence d’un possible lien entre la masse musculaire et la cognition. Dans cette étude, nous montrons pour la première fois que la présence d’une faible masse musculaire est significativement associée à un déclin cognitif plus rapide et que cette association est indépendante de la force musculaire et du niveau d’activité physique, parmi d’autres facteurs », dit Stéphanie Chevalier, Ph. D., scientifique au Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications (DeMeC) à l’IR-CUSM, qui a dirigé l’étude.

« Ces conclusions sont importantes, car la masse musculaire est un facteur modifiable ; cela signifie qu’il est possible de faire quelque chose à cet égard. L’exercice ─ plus particulièrement l’exercice contre résistance ─ et une bonne alimentation, comportant un apport en protéines suffisant, peuvent contribuer au maintien de la masse musculaire au fil des ans », ajoute Chevalier, qui est aussi professeure agrégée à l’École de nutrition humaine de l’Université McGill.

L’étude a été réalisée avec des données de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement (ELCV), qui dispose d’un vaste ensemble de données sur la constitution du corps et sur des tests cognitifs menés en personne à trois ans d’intervalle au sein d’une cohorte de 30 000 personnes. L’équipe de recherche s’est demandé si le fait d’avoir une faible masse musculaire est un élément prédicteur d’un déclin cognitif subséquent dans trois domaines ─ la mémoire, les fonctions exécutives et la vitesse psychomotrice ─ chez les adultes âgés de 65 ans et plus.

« Nous avons constaté que le fait d’avoir une faible masse musculaire était associé à un déclin plus marqué des fonctions exécutives au cours d’une période de trois ans, comparativement au fait d’avoir une masse musculaire normale, mais n’était pas associé à une perte de mémoire ou de fonction psychomotrice. Les fonctions exécutives sont importantes dans nos activités et dans nos comportements quotidiens, car elles nous aident à soutenir notre attention, à organiser nos pensées et à prendre des décisions », explique la première auteure de l’article, Anne-Julie Tessier, R.D., Ph. D. À l’époque de la réalisation de cette étude, elle était étudiante au doctorat et travaillait sous la direction de Stéphanie Chevalier ; elle est maintenant boursière postdoctorale à l’Université Harvard.

Outre le rôle qu’ils jouent dans la force et la capacité physique fonctionnelle, les muscles sont le réservoir des protéines qui interviennent dans plusieurs processus physiologiques. Ils sécrètent également des molécules ayant la capacité de « communiquer » avec le cerveau. On sait par ailleurs que l’exercice physique et le développement de la masse musculaire, en apportant un flux sanguin accru au cerveau, peuvent favoriser les fonctions exécutives.

« Les résultats que nous avons obtenus démontrent que la mesure de la masse musculaire peut aider à identifier les personnes courant un risque plus élevé de présenter un déclin cognitif. Nous devrions mesurer la masse musculaire de façon plus générale, en clinique, et non seulement dans les études de recherche, ajoute Chevalier. Des travaux supplémentaires devraient permettre de déterminer si le maintien ou la prise de masse musculaire atténue le déclin cognitif avec l’âge ; s’il existe un lien de causalité, il faudrait identifier les mécanismes en cause. »

À propos de l’étude

L’étude Association of Low Muscle Mass With Cognitive Function During a 3-Year Follow-up Among Adults Aged 65 to 86 Years in the Canadian Longitudinal Study on Aging a été réalisée par Anne-Julie Tessier, Simon S. Wing, Elham Rahme, José A. Morais et Stéphanie Chevalier.

DOI:10.1001/jamanetworkopen.2022.19926

Lire la publication dans JAMA Network Open

Les travaux de recherche susmentionnés ont été rendus possibles grâce aux données colligées par l’ÉLCV.

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice aux communications, Recherche, CUSM
Fabienne.landry [at] muhc.mcgill.ca
514 812-7722