Fil d'Ariane

null Une nouvelle étude sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine pourrait aider à personnaliser le traitement contre le lupus

Des chercheurs de l’IR-CUSM identifient des facteurs associés à des effets négatifs chez les patients atteints de lupus

SOURCE: IR-CUSM. Le lupus est surnommé la « maladie aux mille visages » en raison de la manière dont ses symptômes varient d’une personne à l’autre. Le lupus, une maladie auto-immune chronique touchant plus d’un Canadien sur 1000, est couramment traité à l’aide de l’hydroxychloroquine (HCQ). Une utilisation continue de ce médicament peut grandement diminuer les poussées de la maladie.

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Arthritis Care and Research, des chercheurs de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ont abordé la question de la diminution ou de l’interruption de l’utilisation de l’HCQ dans le traitement contre le lupus. L’équipe cherchait plus précisément à identifier les facteurs démographiques et cliniques associés à des effets négatifs chez les patients atteints de lupus érythémateux disséminé (LED) après avoir réduit ou discontinué le traitement à l’HCQ.

La Dre Sasha Bernatsky, scientifique senior à l’Institut de recherche du CUSM et Celline Brasil, Ph. D., boursière postdoctorale et auteure principale de l’étude.
La Dre Sasha Bernatsky, scientifique senior à l’Institut de recherche du CUSM et Celline Brasil, Ph. D., boursière postdoctorale et auteure principale de l’étude.

Cette étude, menée par Sasha Bernatsky, M.D., Ph. D., professeure James McGill de médecine à l’Université McGill, médecin dans la Division de rhumatologie au CUSM et scientifique senior à l’IR-CUSM, a suivi plus de 1 344 patients dans cinq cohortes canadiennes de patients atteints de LED de 1999 à 2019. Les auteurs ont identifié un groupe de patients qui recevait une dose moindre d’HCQ, et un autre qui n’en recevait aucune lors des rencontres de suivi. Ils ont ensuite étudié le taux de poussée de la maladie lors de l’interruption de l’HCQ. Ils ont identifié un troisième groupe de patients qui conservait le traitement à l’HCQ, à des fins de comparaison.

« Nous avons observé que quelques sous-groupes de patients, incluant les personnes qui n’étaient pas de race blanche et qui étaient âgées de 25 ans ou moins lors du diagnostic de lupus et en situation de poussée active, avaient un risque plus élevé de poussée après que l’HCQ ait été interrompue », explique la Dre Bernatsky, membre du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’IR-CUSM, où elle mène sa recherche au Centre de recherche évaluative en santé. « Connaître les prédicteurs de l’échec de la diminution ou de l’interruption de l’hydroxychloroquine est la base pour comprendre comment le traitement pourrait être personnalisé pour des patients individuels. »

« Nos découvertes ont pris une importance nouvelle en situation de pandémie de COVID-19, puisque l’HCQ fut ajoutée à la liste des pénuries de médicaments par la FDA », explique Celline Brasil, Ph. D., boursière postdoctorale à l’IR-CUSM et première auteure de l’étude. « Les patients recevant une dose d’HCQ moindre et ceux n’en recevant aucune avaient des taux de poussées de la maladie beaucoup plus élevés que les patients qui avaient conservé le traitement à l’HCQ. Une pénurie d’HCQ influence donc inévitablement les patients atteints de LED qui ont besoin de ce médicament. »

L’identification de plusieurs prédicteurs démographiques et cliniques à la suite de la diminution ou de l’interruption d’HCQ pourrait être utile dans le suivi des poussées lorsque la diminution ou l’interruption d’HCQ est nécessaire, ainsi que dans la personnalisation des décisions relatives aux patients atteints de LED (ainsi que leurs médecins) et à la désescalade et au maintien des médicaments.

« En tant que rhumatologue traitant des patients atteints de LED depuis plus de 20 ans, je sais par expérience qu’il existe un besoin réel et urgent d’avoir de véritables données pour informer la prise de décision. Nous espérons que notre article jouera un rôle instrumental dans la réponse à certaines questions sur la diminution ou l’interruption de l’HCQ et qu’il inspirera d’autres recherches pour soutenir la prise de décision individuelle et les traitements personnalisés », conclut la Dre Bernatsky.

À propos de l’étude:

Celline C. Almeida‐Brasil, Christian A. Pineau, Evelyne Vinet, John G. Hanly, Christine A. Peschken, Ann E. Clarke, Paul R. Fortin, Michal Abrahamowicz, Sasha Bernatsky. Predictors of unsuccessful hydroxychloroquine tapering and discontinuation: Can we personalize decision‐making in systemic lupus treatment? Journal of Arthritis Care and Research. Epub ahead of print 26 December 2020. https://doi.org/10.1002/acr.24548

Les auteurs remercient sincèrement les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et le Fonds de Recherche du Québec - Santé (FRQS) pour leur financement.

Pour en apprendre davantage sur les collectes de fonds et la promotion de la cause, visitez Lupus Canada.

22 janvier 2021