Fil d'Ariane

null Stéatose hépatique chez les patients atteints du VIH : la vitamine E serait sûre et efficace

La Dre Giada Sebastiani, chercheuse de l’IR-CUSM, est l’auteure principale de l’étude publiée dans la revue AIDS

Le 13 février 2020

Par Gillian Woodford

Source : Le Bulletel. Une forme de stéatose hépatique qui touche fréquemment les patients atteints du VIH peut être traitée en toute sécurité au moyen de la vitamine E, révèle une nouvelle étude de l’Université McGill.

La stéatohépatite non alcoolique (SHNA), une forme grave de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD, pour nonalcoholic fatty liver disease), se caractérise par une inflammation et des dommages cellulaires au foie. Cette maladie potentiellement dangereuse peut évoluer vers une cirrhose ou un cancer du foie.

La Dre Giada Sebastiani est scientifique dans le Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’Institut de recherche du CUSM
La Dre Giada Sebastiani est scientifique dans le Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale à l’Institut de recherche du CUSM

« L’effet positif de la vitamine E en cas de stéatose hépatique était déjà établi pour la population générale », indique l’auteure principale de l’étude, la Dre Giada Sebastiani, professeure agrégée au Département de médecine de l’Université McGill et scientifique à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. « Notre étude indique maintenant qu’il s’agit d’un traitement sûr et efficace dans la population de patients atteints du VIH, où la stéatose hépatique est plus prévalente. »

L’étude est parue le 1er février 2020 dans la revue AIDS.

La Dre Sebastiani signale que la NAFLD touche actuellement jusqu’à 48 % des Canadiens vivant avec le VIH et 25 % de la population générale. Le tiers des patients atteints de NAFLD souffrent d’une SHNA. On a émis plusieurs hypothèses pour expliquer la prévalence élevée de la maladie chez les patients porteurs du VIH, souligne la scientifique : « Ce pourrait être dû à une inflammation associée au VIH, aux antirétroviraux que les patients doivent prendre toute leur vie, et aux problèmes métaboliques dont ils souffrent très souvent, comme le diabète et l’hyperlipidémie. Malheureusement, il n’existe pas encore de traitement homologué de la stéatose hépatique pour les gens atteints du VIH. »

Dans le cadre de l’étude, 27 patients atteints du VIH et de la SHNA ont reçu de la vitamine E deux fois par jour, à des doses facilement tolérées. « Nous avons observé que la vitamine E abaissait les taux de transaminases hépatiques (le principal test sanguin de la fonction hépatique) et de gras dans le foie, mesuré grâce à l’échographie, un examen non effractif », explique la Dre Sebastiani. « Ces améliorations étaient encore plus marquées que celles observées chez les personnes non porteuses du VIH. » Même si elle s’attendait à une diminution de l’inflammation et du gras hépatique dans le groupe atteint du VIH, la Dre Sebastiani a été agréablement surprise de l’ampleur de l’effet de la vitamine E chez ces personnes.

La Dre Sebastiani précise que puisque l’étude est considérée comme un projet pilote, puisqu’elle a été réalisée sans groupe témoin, auprès d’un petit groupe de participants et sur une courte période de suivi (24 semaines). « Nous serions intéressés à mener un essai contrôlé randomisé auprès d’un plus grand groupe, sur une plus longue période », dit-elle.

Italienne d’origine, la Dre Sebastiani est arrivée à McGill il y a sept ans dans le but d’établir un programme de recherche de calibre mondial sur la stéatose hépatique et les outils diagnostiques non effractifs des maladies hépatiques. Ces dernières années, le nombre de cas de stéatose hépatique – maladie auparavant associée uniquement à l’abus d’alcool – a explosé au Canada, en particulier chez les personnes obèses. La Dre Sebastiani prédit que la NAFLD deviendra la principale indication pour une greffe du foie au cours des 10 prochaines années.

« Vitamin E is an effective treatment for non-alcoholic steatohepatitis in HIV mono-infected patients », par G. Sebastiani, P. Ghali, M. Klein, et al, est paru le 1er février 2020 dans la revue AIDS. doi: 10.1097/QAD.0000000000002412