Fil d'Ariane

null Introduire les arachides plus tôt pour réduire les allergies

Une récente étude dirigée à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill et basée sur des données patients de l’Hôpital de Montréal pour enfants révèle que l'introduction de l'arachide dans l'alimentation des tout-petits avant l'âge de trois ans a contribué à réduire la prévalence des allergies chez cette population.

Montréal, le 14 août 2024 – En 2017, les lignes directrices Addendum Guidelines for the Prevention of Peanut Allergy ont été adoptées par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases aux États-Unis, recommandant notamment de donner du beurre d’arachides aux bébés dès l’âge de quatre à six mois afin de réduire les allergies alimentaires. Au Canada, on attendait à l’époque que l’enfant ait trois ans avant d’introduire les arachides.

L’effet de ces nouvelles recommandations sur les allergies n’avait jamais été évalué auparavant au Canada. L’étude Trends of peanut-induced anaphylaxis rates before and after the 2017 early peanut introduction guidelines in Montreal, Canada, publiée récemment dans Journal of Allergy and Clinical Immunology : In Practice, est la toute première à s’y intéresser.

Les chercheurs ont ainsi comparé les enfants avec et sans allergie connue aux arachides s’étant présentés à l’urgence de l’HME pour une réaction allergique grave (anaphylaxie) aux arachides entre 2011 et 2019. Les données après 2019 ont été exclues en raison de la pandémie de COVID-19, pendant laquelle les visites à l’urgence ont beaucoup diminué.

Sur 2011 cas d’anaphylaxie répertoriés entre mai 2011 et décembre 2019, 429 avaient été déclenchés par les arachides. De ce nombre, 180 cas n’avaient pas d’allergie connue aux arachides, contre 249 qui avaient déjà une allergie connue de ce type.

L’équipe a calculé les taux de présentation à l’urgence en raison d'une anaphylaxie induite par l'arachide à intervalles de quatre mois. Les tendances ont été étudiées pour les enfants de zéro à deux ans, qui ont potentiellement pu bénéficier d’une introduction hâtive aux arachides à partir de 2017, et pour les enfants de trois à 17 ans, qui étaient déjà trop vieux lors de l’adoption des recommandations.

« Nous avons noté une diminution du taux d’anaphylaxie liée aux arachides après 2017 chez les enfants de deux ans et moins qui n’avaient jamais eu de réaction allergique grave auparavant. Aucun changement significatif n’a été vu chez les enfants de trois à 17 ans, ni chez les enfants de tous âges qui avaient déjà une allergie connue aux arachides », explique le Dr Moshe Ben-Shoshan, auteur principal de l’étude, spécialiste en allergie et immunologie pédiatrique à l’HME et scientifique au Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’IR-CUSM.

Plus précisément, la variation annuelle des taux d’anaphylaxie induite par les arachides chez les enfants de deux ans et moins qui n’avaient pas d’allergie connue aux arachides a diminué, après 2017, de 7,96 cas pour 100 000 visites à l’urgence toutes causes confondues et ajustées à l’âge, tous les quatre mois, chaque année. Ceci signifie que la tendance des taux d'anaphylaxie mesurés tous les quatre mois a considérablement diminué depuis la mise en œuvre des lignes directrices en 2017, plus spécifiquement chez les 0-2 ans qui n'avaient pas déjà d’allergie établie aux arachides.

Des répercussions positives

Dans la dernière décennie, les allergies alimentaires ont augmenté de façon notable en Amérique du Nord. Au Canada, l’allergie aux arachides est l’allergie alimentaire la plus commune chez les enfants et représente la principale cause d’anaphylaxie, qui peut être potentiellement mortelle.

Les résultats de cette étude démontrent ainsi l’importance de politiques telles que l’adoption de nouvelles recommandations afin de sauver des vies et de réduire les coûts et l’utilisation des ressources du système de santé.

Une étude similaire menée en Australie a par ailleurs récemment confirmé un ralentissement de la croissance des taux d’anaphylaxie causée par la nourriture depuis l’adoption de lignes directrices promouvant l’introduction précoce des aliments.

Des recherches subséquentes seront nécessaires pour valider les données de l’étude de l’HME dans d’autres régions du Canada et vérifier si cette tendance peut s’appliquer à d’autres types d’aliments allergènes. Il importe également d’étudier l’adhésion aux lignes directrices par les médecins qui ne sont pas allergologues et le public, ainsi que tout autre facteur démographique et socioéconomique susceptible d’influencer les présentations à l’urgence pour l’anaphylaxie.

À propos de l’étude

L’étude Trends of peanut-induced anaphylaxis rates before and after the 2017 early peanut introduction guidelines in Montreal, Canada a été réalisée par Joshua Yu, Derek Lanoue, Adhora Mir, Mohammed Kaouache, Adam Bretholz, Ann Clarke, Christine McCusker, Jennifer LP Protudjer, Aaron Jones et Moshe Ben-Shoshan.

https://doi.org/10.1016/j.jaip.2024.06.004

À propos de l’Hôpital de Montréal pour enfants

Fondé en 1904, l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) est l’hôpital pédiatrique du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Premier hôpital du Québec à se consacrer entièrement aux soins des enfants, l’HME est un établissement d’enseignement et de recherche axé sur les soins de troisième et quatrième lignes aux nouveau-nés, aux enfants et aux adolescents de moins de 18 ans. L’HME dessert 63 % de la population géographique du Québec.

Grâce à ses installations de soins et de recherche pédiatriques adjacentes à l’établissement pour adultes du site Glen, l’HME est dans une position unique pour offrir des services et réaliser des études aux différentes étapes de la vie de ses patients. Le Centre de médecine innovatrice McConnell — seul centre de recherche clinique en milieu hospitalier en Amérique du Nord — permet à ses chercheurs de mener des essais cliniques sur le site de l’hôpital.

L’HME est un chef de file reconnu pour la prestation d’un vaste éventail de soins ultraspécialisés aux jeunes patients et à leurs familles de partout au Québec. L’hôpital est un centre provincial désigné de traumatologie reconnu pour la richesse de son expertise en cardiologie et en chirurgie cardiaque, en soins d’urgence, en neurologie et en neurochirurgie. www.hopitalpourenfants.com

À propos de l’IR-CUSM

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’Institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) – dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 600 chercheurs et près de 1 700 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative au site Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS). ircusm.ca

Contact média

Christine Bouthillier
Agente de communication, Hôpital de Montréal pour enfants
christine.bouthillier@muhc.mcgill.ca