Fil d'Ariane

null Promotion de l’inclusion des communautés autochtones dans le domaine de la recherche

Le comité consultatif en matière d’équité, de diversité et d’inclusion de l’IR‑CUSM a été l’hôte de trois activités clés au cours du mois de la réconciliation, afin de promouvoir l’inclusion des communautés autochtones dans le domaine de la recherche

SOURCE : IR-CUSM
Le 9 octobre 2024

Institutionnalisée par le Parlement du Canada en 2021, la Journée du chandail orange est une journée visant à commémorer les atrocités vécues par les enfants autochtones qui ont fréquenté les pensionnats, de même que par leur famille. Cette journée veut souligner l’importance de la sensibilisation de la population canadienne aux séquelles de la colonisation. Elle a aussi pour objectif d’encourager les efforts, tant individuels que collectifs, déployés auprès des peuples autochtones, tout en reconnaissant les obstacles systémiques qu’ils doivent franchir.

À l’occasion de la Journée du chandail orange, le comité consultatif en matière d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) ainsi que l’équipe responsable de l’inclusion et le groupe de travail sur la vérité et la réconciliation ont organisé trois activités clés pour informer la communauté sur l’histoire et les réalités des Autochtones; ces activités visaient aussi à faire la promotion des peuples autochtones dans le domaine de la recherche. À l’IR-CUSM, la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation témoigne de l’engagement de l’institution à faire avancer des travaux de recherche qui, non seulement bénéficient aux communautés autochtones, mais respectent également leurs valeurs et leurs points de vue culturels, favorisant ainsi un environnement de recherche plus inclusif.

L'équipe EDI de l'IR-CUSM organise trois événements marquants pour le Mois de la vérité et réconciliation, favorisant l'inclusion des communautés autochtones dans la recherche.
L'équipe EDI de l'IR-CUSM organise trois événements marquants pour le Mois de la vérité et réconciliation, favorisant l'inclusion des communautés autochtones dans la recherche.

« L’IR-CUSM est engagé à mettre en branle le processus de vérité et réconciliation. Nous apportons notre appui à des travaux de recherche en santé qui soutiennent les relations avec les communautés autochtones, y compris les collaborations axées sur la prévention des maladies respiratoires et sur les soins relatifs à ces maladies au sein des communautés inuites. Ces collaborations comprennent également trois éléments: des programmes de formation destinés à des travailleurs du domaine de la santé communautaire au Nunavik; la participation des Autochtones à tous les niveaux des services de santé, ainsi que l’amélioration des outils diagnostiques et des soins relatifs aux maladies infectieuses, a déclaré Gilbert Tordjman, chef des opérations et du développement à l’IR-CUSM.

Le 18 septembre dernier, on a organisé un webinaire interactif, où les participantes et les participants se sont penchés sur des façons d’enrichir leurs équipes de recherche, en tenant compte des points de vue autochtones. Sous la direction de Chantal Fraser, de l’organisme Indigenous Link, et membre de la Nation métisse de l'Ontario, ce webinaire a proposé des approches pratiques, pouvant éventuellement être mises en œuvre, afin d’attirer, de recruter et d’embaucher des talents autochtones. Les participantes et les participants ont découvert des stratégies visant les objectifs suivants : entrer en communication avec des candidates et des candidats autochtones, mieux comprendre en quoi consistent les obstacles que ces personnes doivent franchir, réfléchir sur leurs propres biais ainsi que jeter les bases de l’engagement et de la rétention à long terme du personnel. Chantal Fraser a insisté sur ce qui s’avère nécessaire pour atteindre ces objectifs : mettre en place des systèmes permettant d’évaluer la capacité de l’institution à attirer et à retenir des candidates et des candidats autochtones; utiliser des témoignages démontrant la contribution des Autochtones au milieu de travail; et aller plus loin que les processus normalisés dans le but de prendre en compte les différences linguistiques et culturelles pendant le processus d’embauche. Par exemple, elle a fait ressortir l’importance, au sein des cultures autochtones, des moments de silence pendant les entrevues, ce qui peut parfois constituer une source d’incompréhension. Elle a également attiré l’attention sur la valorisation du travail communautaire dans les curriculums vitæ. Elle a de plus insisté sur l’importance d’être conscients des disparités en matière d’accès à Internet lors de la publication des occasions d’emploi. Enfin, Chantal Fraser nous a encouragés à réfléchir sur nos biais lorsque nous sommes en présence de telles différences.

Le 27 septembre dernier, deux activités ont eu lieu à l’auditorium Cruess, dont une conférence de Jocelyn Sioui, intitulée « Mononk Jules : une exploration unique de l'histoire des Premières Nations ». Le récit de ce membre de la nation huronne-wendat a captivé l’auditoire. Jocelyn Sioui a parlé des luttes historiques des Premières Nations. « Il y a tellement de choses dont on ne nous parle pas à l’école. Tout ce que nous savons est que les Anglais se sont battus contre les Français, a-t-il commenté. Mon spectacle offre une possibilité unique de comprendre les difficultés que les peuples autochtones ont affrontées, dont la lutte perpétuelle pour le respect des droits de la personne fondamentaux. » L’auditoire a pu voir une partie du spectacle de Jocelyn Sioui, mettant en scène des vignettes et des projections rendant hommage à l’histoire du grand-oncle de ce dernier, Jules Sioui, qui a fait œuvre de pionnier dans la défense des droits des Premières Nations.

Après la présentation de Jocelyn Sioui, qui a suscité la réflexion, Diego Herrera, président du comité EDI, a animé une table ronde sur la façon de rendre la recherche plus inclusive pour les Autochtones. « Nous estimons qu’il est important d’ouvrir nos pratiques et nos locaux de recherche aux concepts et aux pratiques que les Autochtones ont développés, ce qui enrichit les connaissances que nous produisons. Afin que la recherche et les milieux de travail bénéficient aux communautés autochtones, nous devons mettre au point des mécanismes visant à écouter ces personnes et à les inviter à participer de manière équitable à nos projets, a conclu Sonia Rea, directrice, Personnes et culture, à l’IR-CUSM.

Les panélistes étaient Bertie Wapachee, administrateur, président du Conseil Cri de la santé et des services sociaux de la Baie James (CCSSSBJ); Isabelle Duguay, Ph. D., directrice adjointe du CCSSSBJ; et la Dre Romina Pace, scientifique junior au sein du Programme de recherche en désordres métaboliques et leurs complications (DeMeC) à l’IR-CUSM.

Bertie Wapachee a parlé du concept de responsabilité collective dans la réconciliation; il a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une responsabilité qui incombe uniquement aux Autochtones, mais aussi aux chercheuses et aux chercheurs, de même qu’aux personnes qui ne travaillent pas dans le domaine de la recherche, mais qui doivent toutes et tous contribuer à l’effort de vérité et de réconciliation. Cet engagement partagé est essentiel pour soutenir des partenariats solides et pour faire en sorte que la recherche bénéfice vraiment aux communautés autochtones.

Les panélistes du CCSSSBJ ont présenté les principes de recherche Miyupimaatisiiun, qui doivent guider les chercheuses et les chercheurs pour qu’ils respectent la vision du monde, la culture et l’histoire Cries. Ces principes insistent sur la nécessité de créer des relations réciproques lorsque des personnes effectuent des travaux de recherche avec la nation Crie. Ils ont également décrit les étapes particulières que les chercheuses et les chercheurs doivent suivre pour s’assurer que leurs travaux sont menés de manière éthique, conformément à ces principes.

La Dre Pace a, pour sa part, illustré le recours à la technique de la recherche par amorce photo; cette méthodologie puissante permet aux Autochtones d’exprimer, à partir de photographies, ce qu’ils ont vécu relativement à des enjeux de santé délicats. Non seulement cette approche facilite t elle un dialogue ouvert, mais elle confère aussi une autonomie accrue aux communautés autochtones, en leur offrant le moyen de représenter et de cerner les enjeux qui les touchent, en faisant appel à des méthodes significatives sur le plan collectif.

L’auditoire a engagé des discussions sur la protection des droits des Autochtones quant à leurs propres données, y compris des pratiques sécuritaires visant la collecte de données sensibles comme des échantillons de sang. Ce dialogue a fait ressortir l’urgence d’observer des normes éthiques rendant hommage à l’autonomie des communautés autochtones tout au long du processus de recherche.

Les personnes qui ont participé à la table ronde ont suscité une réflexion sur le rôle profondément transformateur des points de vue autochtones dans la recherche en santé. M. Wapachee a insisté sur le fait que la recherche a le pouvoir d’intensifier la marginalisation ou de rendre les communautés autonomes, en insistant sur le fait que la recherche devrait être considérée comme un acte de réconciliation. L’union de la rigueur de la recherche scientifique et de la sagesse des traditions autochtones permet non seulement à différents systèmes de coexister, mais aussi de s’enrichir mutuellement. La recherche devient ainsi un outil de réconciliation, de guérison et d’autonomisation. Ce message a reçu un accueil très favorable; il a renforcé la notion selon laquelle le progrès réel est tributaire de la diversité des sources de connaissances. Pour progresser dans cette voie, les chercheuses et les chercheurs doivent consentir à adapter leurs projets, réfléchir sur leurs propres points de vue et à leurs propres positions, et accepter humblement qu’il est possible d’apprendre des autres.

Comme le disait M. Wapachee : « La science est une grande chose, mais le savoir traditionnel peut être un partenaire puissant pour l’avenir. En combinant science et tradition, on crée ce qui constitue vraisemblablement la recherche ayant le plus de retombées. »

Un merci tout spécial aux membres du groupe de travail Vérité et réconciliation : Diego Herrera, Aurore Palanque, William Changizi, Alexandra Kindrat et Julie O'Reilly, dont le dévouement a joué un rôle déterminant quant à la tenue des activités susmentionnées. Leur engagement à favoriser le dialogue et à promouvoir la compréhension entre les divers groupes a contribué à rendre possible ce puissant échange de connaissances et de points de vue.

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