Fil d'Ariane

null La Cohorte canadienne sur la co-infection marque le 20e anniversaire de la recherche sur le VIH et le VHC

Depuis 2003, la CCC, dirigée par la Dre Marina Klein, de l’IR-CUSM, vise l’amélioration des soins destinés aux personnes porteuses du VIH et de l’hépatite C ainsi que de leurs résultats de santé

La Dre Marina Klein est chercheuse au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale ainsi qu’au Centre de recherche évaluative en santé du Centre universitaire de santé McGill.
Marina Klein, M.D., M.Sc., est chercheuse au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale ainsi qu’au Centre de recherche évaluative en santé du Centre universitaire de santé McGill.

L’aventure relative à la formation de la Cohorte canadienne sur la co-infection (CCC) a commencé en 2003, année où la Dre Marina Klein s’est mise à la recherche de moyens d’offrir de meilleurs soins destinés aux personnes porteuses d’une co-infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et par le virus de l’hépatite C (VHC), ainsi que de façons d’améliorer les résultats de santé de ces personnes. Ce qui était à l’origine un projet pilote réalisé à Montréal a pris de l’expansion dans l’ensemble du Canada, et la CCC constitue maintenant l’une des plus importantes cohortes axées sur l’infection au VIH-VHC dans le monde.

Qu’est-ce que l’infection au VIH-VHC?

On appelle co-infection par le VIH et par le VHC l’infection par ces deux virus. Le VHC est l’une des principales causes de maladie chronique du foie, et les lésions au foie progressent plus rapidement en présence de l’infection au VIH. La co-infection par le VIH et par le VHC touche environ 2,3 millions de personnes à l’échelle mondiale, soit entre 14 000 et 21 000 personnes au Canada.

L'objectif du CCC est d'évaluer comment le VHC et le VIH et leurs traitements affectent la santé des personnes vivant avec ces deux infections et d'évaluer comment les facteurs sociaux, comportementaux et biologiques influencent l'accès au traitement et les réponses. Bien que le VIH ne puisse être guéri, il peut être pris en charge et atteindre des niveaux indétectables grâce à la thérapie antirétrovirale. Avec l'introduction des antiviraux à action directe (AAD) en 2015, le VHC est devenu la première infection virale chronique qui peut être guérie. En réponse, le CCC a commencé à surveiller l'expansion et l'impact des antiviraux à action directe pour le traitement du VHC chez les Canadiens co-infectés.

Au cours des 20 dernières années, la CCC a recruté 2 140 participantes et participants dans 18 établissements de santé répartis dans six provinces canadiennes, afin de constituer une cohorte reflétant la diversité de la population dans le monde réel.

Les analyses de la CCC ont démontré une augmentation de l’efficacité du traitement du VHC ainsi que du pourcentage de personnes guéries, de même que la réduction des décès liés aux maladies du foie. Ces analyses ont également démontré que la guérison du VHC est associée à l’amélioration de la santé mentale et à une réduction de la fibrose hépatique.

Défis actuels

La CCC a documenté l’incidence positive des avancées thérapeutiques relatives au VHC et au VIH, mais elle a également observé l’existence d’obstacles importants. Malgré les efforts visant l’expansion du réseau et l’augmentation des taux de guérison, l’élimination du VHC a ralenti au Canada. Actuellement, les personnes atteintes du VHC peuvent être aux prises avec plusieurs iniquités qui s’entrecoisent en termes de santé et peuvent avoir à composer avec des priorités concurrentes, comme le logement et l’insécurité alimentaire. Les stigmates, la consommation d’alcool et de drogue, de même que les conséquences de la colonisation, les traumatismes   intergénérationnels et l’incarcération sont encore des défis importants à relever dans l’élimination du VHC. L’atteinte de résultats durables dépend de la capacité à joindre les patientes et les patients, à réduire la gravité des préjudices, à faire la promotion de la santé et à favoriser un partenariat recherche-communauté.

« Nous sommes très fiers de travailler en partenariat avec des organismes communautaires locaux et nationaux comme AIDS Community Care Montreal et la Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le sida, déclare la Dre Klein, chercheuse principale de la Cohorte canadienne sur la co-infection et scientifique senior au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. La Dre Klein enseigne aussi la médecine à la Division des maladies infectieuses et au Service des maladies virales chroniques (SMVC) du CUSM; elle fait aussi partie de la Chaire de recherche du Canada en études cliniques et épidémiologiques des infections virales chroniques chez les populations vulnérables.

Perspectives d’avenir

Les chercheuses et les chercheurs de la CCC s’intéressent maintenant aux conséquences à long terme des traitements du VHC, plus particulièrement à la santé hépatique, à la santé générale et au bien-être, y compris aux affections chroniques comme la maladie.

En complément aux travaux de la CCC, en collaboration avec des chercheuses et des chercheurs locaux et avec des organismes communautaires, la Dre Klein a développé un autre projet, appelé Métropole sans HépC. L’objectif est de faire de Montréal la première ville en Amérique du Nord à éliminer le VHC. Ce projet va fournir une feuille de route au Canada, en documentant la manière dont on s’attaque aux maladies infectieuses dans les milieux urbains dans l’ensemble de la nation et, ultimement, dans le monde entier.

« Nous proposons une approche de traitement à la fois personnalisée et sensible au passage du temps; nous espérons aussi que le projet Métropole sans HépC va avoir une incidence favorable sur la manière dont les experts médicaux interagissent avec les populations stigmatisées, explique la Dre Klein. Nous félicitons toutes les personnes ayant pris part aux 20 premières années des travaux importants et percutants de la Cohorte canadienne sur la co-infection. »

La CCC remercie de leur soutien financier les Instituts canadiens de recherche en santé du Canada, le Canadian HIV Trials Network et le Réseau sida et maladies infectieuses (SIDA-MI).

Le 1 novembre 2023
 

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