Fil d'Ariane

null Les femmes canadiennes leaders en santé mondiale : tête-à-tête avec trois chercheuses extraordinaires de l’IR-CUSM

Le lundi 11 février est la Journée internationale des femmes et des filles de science

8 février 2019

Source: CUSM. Trois scientifiques de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) figurent dans la toute première Liste des Femmes canadiennes leaders en santé mondiale, qui a été publiée récemment par la Société canadienne de santé internationale.

Les femmes apportent des contributions importantes à ce domaine, mais souffrent d'un manque de visibilité et de reconnaissance qui réduit leur impact global. La liste, dressée pour combler cette lacune, braque les projecteurs sur des femmes formidables qui font progresser la santé et l'équité, et qui améliorent la qualité et l'impact des sciences et des politiques canadiennes sur la santé mondiale dans le monde.

Nous avons rencontré nos trois chercheuses et leur avons demandé ce que cette distinction signifiait pour elles et pourquoi il était important de reconnaitre les femmes en
science.


Nitika Pant Pai, M.D., M.H.P., Ph. D.Nitika Pant Pai, M.D., M.H.P., Ph. D.

Chercheuse scientifique à l'IR-CUSM et professeure agrégée à l'Université McGill au Département de médecine, division d'épidémiologie clinique

Quels sont vos principaux intérêts de recherche?

N.P.: Mon expertise de recherche concerne le diagnostic « sur le lieu de soins » du VIH et des infections transmises sexuellement par le sang. Ma vocation est de développer des solutions qui sauvent la vie de populations marginalisées dans le monde entier - voilà mon ikigai. Je travaille en Inde, en Afrique du Sud et maintenant au Canada. Je crois qu'en cette ère de médecine numérique, les innovations de processus et de produits contribueront à catalyser le changement au sein des systèmes de soins de santé. Je travaille au développement de nombreuses innovations pour sensibiliser, élargir l'accès au dépistage et relier les gens aux soins. Je travaille également avec des agences de santé mondiales et je m'efforce d'influencer les politiques mondiales.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous (en tant que scientifique et en tant que femme scientifique) d'être reconnue comme une leader canadienne en matière de santé mondiale? 

N.P.: Je me sens honorée d'être sur la liste. À un certain niveau, il est très agréable de voir son travail acharné reconnu par un organisme prestigieux et, en tant que femme scientifique, d’être considérée comme suffisamment importante pour mériter cette visibilité.

Je pense que cette liste joue un rôle crucial en soulignant la contribution des femmes qui travaillent dans tous les domaines de la santé mondiale, de la mobilisation à la recherche, à l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. Beaucoup de femmes travaillent en coulisse et souvent sans relâche pour générer des preuves et, intégrer la science aux politiques et à la pratique. Cette liste indique également qu’il est temps que les femmes scientifiques prennent le devant de la scène!

Pourquoi cette reconnaissance des femmes en science est-elle importante?

N.P.: La science a longtemps été un club de garçons. Et maintenant, en 2019, il est temps que nous établissions un équilibre entre les sexes et que nous brisions cet invisible plafond de verre!

Les femmes sont de grandes polyvalentes. La gestion des exigences conflictuelles de la maternité et de la vie familiale est un processus qui demande de l'énergie et qui mérite une plus grande reconnaissance en matière de salaire et de promotions. Le talent d’équilibriste est dans l’ADN des femmes, mais il faut le reconnaître, pour que les femmes d'aujourd'hui puissent inspirer les futures femmes leaders.

De plus, les femmes appartenant à une minorité qui travaillent dans le domaine des sciences méritent une plus grande visibilité. La liste constitue un premier pas vers une plus grande inclusion, qui se traduira par la collaboration et la productivité et enverra des messages positifs dans la société en général. Enfin, cette liste contribue
également à sensibiliser le public aux efforts déployés par les femmes qui ont consacré des années de leur vie à générer du changement à l’échelle mondial.


Amrita Daftary, Ph. D.Amrita Daftary, Ph. D.

Directrice associée de la santé mondiale et des populations au Centre international de lutte contre la tuberculose de McGill à l'IR-CUSM et professeure adjointe de recherche au Département d'épidémiologie et de biostatistique de l'Université McGill

Quels sont vos principaux intérêts de recherche?

A.D.: Mon expertise est en recherche sociale et comportementale, en méthodes qualitatives et en science de la mise en œuvre. J'étudie les déterminants sociaux des comportements des patients en matière de recherche de soins et des pratiques des fournisseurs de soins en matière de tuberculose et de VIH et je contribue à la conception d'interventions répondant à ces déterminants sociaux, en particulier en Afrique du Sud et en Inde. Je me penche actuellement sur la stigmatisation de la tuberculose, l’adhésion au traitement de la tuberculose pharmacorésistante, la qualité des soins pour la co-infection tuberculose-VIH et les innovations numériques en matière de traitement de la tuberculose.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous (en tant que scientifique et en tant que femme scientifique) d'être reconnue comme une leader canadienne en matière de santé mondiale? 

A.D.: Je suis né en Inde et j’ai déménagé au Canada pour aller à l'université. De nombreux héros de la santé mondiale (célèbres et méconnus) m'ont inspirée. C’est un honneur pour moi que de figurer à côté de celles qui ont tant accompli en étudiant et en abordant les problèmes de santé dans le monde. Je me sens privilégiée d'être nommée leader canadienne en santé mondiale. Je me sens également responsable d’ouvrir la voie, d’inspirer et de soutenir mes mentorés (quel que soit leur sexe!).

Pourquoi cette reconnaissance des femmes en science est-elle importante?

A.D.: Je suis continuellement inspirée par les réalisations des femmes en science. Toutefois, des statistiques récentes sur les salaires, les postes et le financement obtenus par les femmes scientifiques au Canada brossent un tableau sombre et peu inspirant de la situation. Cette visibilité est incroyablement significative car elle représente un premier pas pour nous, en tant que pays, vers une reconnaissance de la valeur que nos compatriotes féminines ont gagnée sur la scène mondiale.


Theresa W. Gyorkos, Ph. D.Theresa W. Gyorkos, Ph. D.

Professeure, Centre de recherche évaluative en santé (CRES), IR-CUSM, Professeure, Département d'épidémiologie, de biostatistique et de santé au travail, Université McGill et directrice du Centre collaboratif de l'OMS pour la recherche et la formation en épidémiologie et contrôle des parasites

Quels sont vos principaux intérêts de recherche?

T.G.: Mes principaux intérêts de recherche sont dans le domaine de l’épidémiologie parasitaire. Je me concentre sur la prévention et le contrôle des infections par les vers (en particulier, ceux transmis par le sol) chez les populations les plus à risque d’infection (notamment, les enfants et les femmes en âge de procréer). L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que près de 2 milliards de personnes dans plus de 100 pays sont exposées au risque de morbidité résultant de ces infections par les vers. Des interventions de santé publique à grande échelle, telles que le déparasitage, sont donc nécessaires pour réduire les infections et accroître les possibilités d'optimisation de la croissance, du développement et de la santé en général. En collaboration avec l'OMS, mon objectif est de contribuer à la politique de santé mondiale et aux directives sur le déparasitage, ainsi qu'à d'autres moyens efficaces de réduire les effets nocifs des infections par les vers chez les populations vulnérables.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous (en tant que scientifique et en tant que femme scientifique) d'être reconnue comme une leader canadienne en matière de santé mondiale?

T.G.: D'être reconnue de cette façon, aux côtés de nombreuses autres Canadiennes qui ont contribué à la santé mondiale, est très gratifiant. Quand je vois toutes ces femmes scientifiques exceptionnelles et que je considère leurs contributions à la santé mondiale, c'est vraiment un privilège d'être incluse parmi elles. Les femmes scientifiques canadiennes ont certainement un impact! Avec cette reconnaissance vient aussi une responsabilité. J'espère que je pourrai servir de modèle à quiconque souhaite apporter sa propre contribution à la santé mondiale.

Pourquoi cette reconnaissance des femmes en science est-elle importante?

T.G.: Célébrer les réalisations est un moyen efficace de soutenir l’excellence - l’excellence scientifique, certes, mais également l’excellence dans tous les domaines d’activité. La reconnaissance encourage et fait ressortir le meilleur de nous tous - pairs, jeunes collègues et étudiants. Cela signifie que rien n'est hors de notre portée. Toutes les filles et toutes les femmes qui sont motivées à apporter leur propre contribution à la science doivent savoir que rien n’est hors de leur portée.