Fil d'Ariane

null Les tests rapides de COVID-19 : que valent-ils vraiment ?

Une nouvelle étude indique que les autotests pour la COVID-19 permettent d’identifier efficacement les personnes non infectées ainsi que les personnes ayant une charge virale et une contagiosité élevées.

Montréal, le 9 février 2024 — Durant la pandémie de COVID-19, et pour la première fois dans l’histoire des pandémies, les autotests ont été utilisés comme élément essentiel d’une stratégie de contrôle et de prévention des infections à grande échelle. Près de quatre ans après le début de la pandémie, une étude met en lumière la précision et l’impact des tests rapides de dépistage de l’antigène du SRAS-CoV-2 utilisés comme autotests pour la COVID-19. L’étude, dirigée par la Dre Nitika Pant Pai de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) et publiée cette semaine dans la revue PLOS Global Public Health, suggère que la valeur des autotests réside dans l’identification et l’isolement rapides des personnes hautement contagieuses et que certains aspects de la stratégie d’autodépistage peuvent améliorer la performance des tests rapides, comme des instructions claires pour leur utilisation et l’interprétation des résultats, ainsi qu’une formation adéquate.

« Dans l’ensemble, les résultats de notre étude sont impressionnants. Ils montrent que l’autodépistage est un outil efficace pour prévenir la transmission du SRAS-COV-2 et suggèrent qu’il a contribué à contrôler les éclosions et à limiter la transmission, en plus de permettre la poursuite du travail pendant la pandémie. À l’avenir, les agences de santé publique et les gouvernements ne devraient pas hésiter à investir dans des stratégies d’autodépistage précises, rapides, portables et peut-être améliorées grâce à des outils numériques, comme des applications, des sites web et des instructions vidéo, et ce, non seulement pour les virus respiratoires, mais aussi pour les agents pathogènes non respiratoires », déclare la Dre Pant Pai, auteure principale de l’étude, scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale et au Centre de recherche évaluative en santé de l’IR-CUSM et professeure agrégée de médecine à l’Université McGill.

Dre Pant Pai (à gauche) est auteure principale de l’étude. La première auteure, Apoorva Anand (au centre) est une ancienne stagiaire qui travaille aujourd'hui avec la Dre Pant Pai en tant que chef de projet à l’IR-CUSM.
Dre Pant Pai (à gauche) est auteure principale de l’étude. La première auteure, Apoorva Anand (au centre) est une ancienne stagiaire qui travaille aujourd'hui avec la Dre Pant Pai en tant que chef de projet à l’IR-CUSM.

L’étude consiste en une revue systématique vivante, c’est-à-dire qu’elle sera mise à jour dans un an, et en une méta analyse de 70 études — avec des données regroupées provenant de 25 pays — qui ont évalué la précision diagnostique des tests rapides pour la COVID-19. Les auteurs de l’étude ont analysé les données en fonction de diverses variables, telles que le site de prélèvement, le statut symptomatique, la méthode d’autotest supervisée/non supervisée et la présence/absence de soutien numérique. Les chercheurs ont également examiné la faisabilité, l’acceptabilité et l’impact des autotests, ainsi que les préférences et motivations des personnes, et les principaux facilitateurs et obstacles à l’adoption de la stratégie d’autodépistage.

Une stratégie de prévention efficace, réalisable et acceptable

Selon les résultats de l’étude, les tests rapides pour la COVID-19 ont une spécificité très élevée (la capacité de détecter des cas négatifs/des individus non infectés), avec une proportion de vrais négatifs systématiquement supérieure à 98 %. La plupart des faux négatifs signalés dans l’étude sont survenus lorsque la personne était moins contagieuse et en dehors de la zone de transmissibilité.

La sensibilité du test (la capacité à détecter les cas positifs/les personnes infectées) diffère d’un sous-groupe à l’autre, en fonction de la variable étudiée. Elle s’est révélée systématiquement faible chez les personnes asymptomatiques (le test n’a pas détecté l’infection chez elles), mais élevée chez les personnes symptomatiques (le test n’a pas manqué de détecter l’infection).

Les sensibilités les plus élevées, ou les proportions de vrais positifs les plus fortes, ont été observées dans les groupes de personnes qui :

  • avaient effectué leur test dans un environnement supervisé (86,7 %),
  • étaient symptomatiques (73,9 %),
  • avaient effectué un prélèvement nasal à mi-cornet (de type NMT ou « mid-turbinate »), c’est-à-dire un peu plus haut dans les narines (77,8 %),
  • avaient utilisé des stratégies de soutien numérique telles que des applications, des sites web et des instructions vidéo pour améliorer la réalisation du test (70 %).

En outre, les chercheurs ont constaté que les utilisateurs avaient une forte préférence pour les tests rapides et qu’ils étaient prêts à les utiliser, mais que leur intérêt pour une utilisation répétée ou quotidienne était faible.

Mais surtout, les retombées des stratégies d’autodépistage ont été nombreuses : elles ont non seulement permis de réduire le nombre de fermetures d’écoles et de journées de travail perdues pour les travailleurs essentiels, mais elles ont également empêché la transmission de l’infection parmi les travailleurs de la santé, facilité la poursuite du travail dans les laboratoires de santé et permis aux activités sociales de se poursuivre avec un risque d’infection moindre. Ces résultats mettent en évidence leurs répercussions importantes sur la santé publique.

Enfin, les auteurs soulignent que des séances de formation préalables, des instructions détaillées sur l’autotest en langage accessible à tous et des kits de test spécialement conçus pour les populations peu alphabétisées, rurales, périurbaines et âgées pourraient encore améliorer la performance des autotests et leur adoption par ces populations.

« L’accès équitable à l’autodépistage de la COVID-19 donnera aux individus les moyens d’agir et éliminera les obstacles, ouvrant ainsi la voie à une société plus en santé et plus inclusive. L’impact important des tests rapides durant la pandémie de COVID-19, utilisés au point de service ou soutenus numériquement, souligne la nécessité d’intensifier la recherche sur ces approches diagnostiques innovantes », explique Apoorva Anand, première auteure de l’étude et ancienne stagiaire de la Dre Pant Pai.

« L’autodépistage pour la COVID-19 a contribué à démocratiser l’accès aux autotests et à normaliser la conversation sur leur utilisation à la maison, sur le lieu de travail, dans les bureaux et lors de rassemblements. La stratégie d’autodépistage est appelée à perdurer, non seulement pendant les pandémies, mais aussi en tant que stratégie de contrôle d’autres maladies et affections infectieuses et non infectieuses. Nous devons fournir l’accès à des autotests de haute qualité pour maintenir la confiance du public dans le processus d’autodépistage et encourager les individus et les communautés à les utiliser de manière proactive pour leur propre bénéfice », ajoute la Dre Pant Pai, qui est reconnue comme une experte mondiale en matière de diagnostic basé sur les autotests et les technologies de test sur les lieux de soins.

À propos de l’étude

L’étude Self-tests for COVID-19: What is the evidence? A living systematic review and meta-analysis (2020–2023) a été réalisée par Apoorva Anand, Fiorella Vialard, Aliasgar Esmail, Faiz Ahmad Khan, Patrick O’Byrne, Jean-Pierre Routy, Keertan Dheda and Nitika Pant Pai.

DOI : https://doi.org/10.1371/journal.pgph.0002336

Ce travail a été financé par les Instituts de recherche en santé du Canada.

À propos de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill

L’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) est un centre de recherche de réputation mondiale dans le domaine des sciences biomédicales et de la santé. Établi à Montréal, au Canada, l’institut, qui est affilié à la faculté de médecine de l’Université McGill, est l’organe de recherche du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) — dont le mandat consiste à se concentrer sur les soins complexes au sein de sa communauté. L’IR-CUSM compte plus de 450 chercheurs et environ 1 200 étudiants et stagiaires qui se consacrent à divers secteurs de la recherche fondamentale, de la recherche clinique et de la recherche en santé évaluative aux sites Glen et à l’Hôpital général de Montréal du CUSM. Ses installations de recherche offrent un environnement multidisciplinaire dynamique qui favorise la collaboration entre chercheurs et tire profit des découvertes destinées à améliorer la santé des patients tout au long de leur vie. L’IR-CUSM est soutenu en partie par le Fonds de recherche du Québec — Santé (FRQS). ircusm.ca

Personne-ressource pour les médias

Fabienne Landry
Coordonnatrice des communications, Recherche, CUSM
Fabienne.landry@muhc.mcgill.ca