Fil d'Ariane

null Un panel organisé à l’IR-CUSM souligne la Journée internationale des personnes vivant avec un handicap

Des experts et des défenseurs des droits des personnes handicapées se sont joints à la communauté de l’IR-CUSM, afin de discuter de l’intégration, au monde du travail et de la recherche, des personnes vivant avec un handicap

Source : IR-CUSM

Albert Einstein, qui était dyslexique et qui avait un trouble d’apprentissage, pourrait avoir de la difficulté à se trouver un emploi dans le monde du travail actuel.

L’intégration dans le travail et dans la recherche des personnes vivant avec un handicap était le principal sujet de discussion lors d’une table ronde organisée récemment à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM). Sous le thème « Défier les préjugés », le panel a invité des experts et des défenseurs des droits des personnes handicapées à discuter des nombreux avantages que peut comporter la présence de personnes handicapées au sein du milieu de travail, de même que les types d’accommodements qui peuvent les aider à s’épanouir.

Le panel a eu lieu pour souligner la Journée internationale des personnes vivant avec un handicap. Offrant une occasion de mettre en valeur la contribution des personnes vivant avec un handicap, cette journée vise également à faire en sorte que ces personnes puissent participer pleinement à la vie de la société, sur un pied d’égalité, de manière efficace et sans obstacles. Le panel était une initiative cadrant avec le Plan d’action en matière d’équité, diversité et inclusion (EDI) de l’IR-CUSM, dont un objectif clé est de communiquer et de célébrer la diversité institutionnelle.

Les membres du panel Véronique Leduc, François Bernier et Fatoumata Bah ont été invités à réfléchir sur leur propre expérience et à discuter de la manière dont leur vécu avec un handicap avait influé sur leur parcours professionnel et sur leur travail de recherche. Les trois panélistes ont expliqué que leurs expériences trouvaient leur origine dans la discrimination dont ils avaient été victimes leur vie durant, souvent avant d’emprunter des voies universitaires ou professionnelles.

(De gauche à droite ) Les experts et défenseurs des droits des personnes vivant avec un handicap Véronique Leduc, François Bernier et Fatoumata Bah se sont joints aux membres de la communauté de l’IR-CUSM pour une réunion virtuelle, afin de discuter de l’intégration, au monde du travail et de la recherche, des personnes vivant avec un handicap. À droite :  le modérateur Diego Herrera, spécialiste de l'EDI à l’IR-CUSM.
(De gauche à droite ) Les experts et défenseurs des droits des personnes vivant avec un handicap Véronique Leduc, François Bernier et Fatoumata Bah se sont joints aux membres de la communauté de l’IR-CUSM pour une réunion virtuelle, afin de discuter de l’intégration, au monde du travail et de la recherche, des personnes vivant avec un handicap. À droite : le modérateur Diego Herrera, spécialiste de l'EDI à l’IR-CUSM.

« Il y a eu une époque où je croyais que, pour faire de la recherche, il fallait s’inscrire dans le paradigme de l’objectivité et être complètement détaché de l’objet de la recherche », a expliqué Véronique Leduc, professeure au département de communication sociale et publique à l’Université du Québec à Montréal, et Chaire de recherche du Canada sur la citoyenneté culturelle des personnes sourdes et les pratiques d’équité culturelle.

« Ma passion a toujours été de trouver des solutions aux obstacles à l’accessibilité, a poursuivi Fatoumata Bah, spécialiste du soutien des données à l’Université d’Ottawa et spécialiste principale de l’accessibilité d’Open (Open Collaboration/Collaboration pour l’accessibilité cognitive). À mon avis, mon vécu documente réellement le travail que je fais, en ce sens qu’en effectuant de la recherche sur l’accessibilité (…), j’ai ce lien avec d’autres personnes vivant avec un handicap; je peux par conséquent faire des recherches avec elles et entrer en relation avec elles à un niveau auquel un autre chercheur n’aurait peut-être pas accès. »

Le cheminement de François Bernier est quelque peu différent; en effet, sa vie professionnelle ne s’articule pas autour de la recherche, mais plutôt autour de l’entrepreneuriat. « Compte tenu des défis que j’ai relevés, je suis devenu un homme qui ne craint rien, toujours à la recherche de solutions, a-t-il affirmé. Selon moi, c’est pourquoi je suis devenu entrepreneur et pourquoi je connais du succès comme entrepreneur. »

Il s’en est suivi une discussion sur les pratiques exemplaires relatives à l’intégration, dans le milieu du travail et/ou de la recherche, des personnes vivant avec un handicap. Les panélistes ont reconnu que l’intégration s’accompagne généralement de l’accessibilité et du fait que l’on rende les choses plus faciles pour les personnes handicapées dans le milieu de travail. Les équipes de recherche et de travail doivent être prêtes à adopter d’autres façons de travailler.

« Il est possible de définir ce qu’est un mentor, a ajouté François Bernier. Il n’est pas nécessaire que ce soit un superviseur; ce peut être un collègue qui aide une personne vivant avec un handicap à faire son chemin au sein de l’équipe. »

« À mes yeux, la question n’est pas tant pourquoi nous devrions embaucher des personnes handicapées, mais plutôt pourquoi nous nous posons encore cette question en 2022, a commenté Véronique Leduc. Nous sommes dans une société qui fonctionne selon une dynamique du pouvoir systématique; actuellement, les personnes qui sont embauchées n’ont aucun mérite à se trouver là où elles sont. Si nous changions les choses et si nous vivions dans une société où les personnes handicapées occupaient des postes de pouvoir, nous demanderions-nous quel avantage il y a à intégrer des hommes blancs au marché du travail? »

Selon Fatoumata Bah, les organisations ont l’obligation de reconnaître que les identités marginalisées se recoupent. « Par exemple, une personne peut à la fois vivre avec un handicap et être noire, a-t-elle expliqué. Nous devons nous assurer que les processus d’intégration tiennent compte de ces réalités multiples. »

Les panélistes ont ensuite discuté de la manière dont un handicap pourrait mener à l’innovation. Ils ont convenu que, dans le but de favoriser l’innovation, il est important de tenir compte du fait qu’un processus différent n’est pas nécessairement pire. Fatoumata Bah a expliqué comment des personnes neurodivergentes peuvent rationaliser les processus ou aider les autres à penser de manière systématique. François Bernier a fait remarquer que, du point de vue des affaires, le fait de faire participer des personnes handicapées au processus peut offrir de nouvelles possibilités en termes de marketing et de créativité, en élargissant le public cible.

On a aussi abordé la question des offres d’emplois. « Nous voyons souvent des descriptions de postes énumérant une vingtaine d’exigences ou caractéristiques différentes pour un emploi donné, a ajouté Fatoumata Bah. Certaines personnes, dont moi, vont prendre les choses au pied de la lettre. En lisant une telle énumération, les personnes neurodivergentes vont se dire “Je ne satisfais pas à l’exigence no 6, je n’ai par conséquent pas les qualités nécessaires pour occuper cet emploi.” » Elle a poursuivi en disant que les offres d’emploi devraient être présentées de manière claire et accessible, en établissant une distinction entre ce qui est obligatoire et ce qui est souhaitable. Elle a également suggéré de demander aux candidats de mentionner ce dont ils ont besoin pour rendre l’entrevue aussi accessible que possible. Elle a ajouté que l’on pourrait par exemple fournir à l’avance certaines questions de l’entrevue. « Il n’y a rien à gagner à avoir des questions comportant un élément surprise », a-t-elle conclu.

Le groupe a été prié de se pencher plus particulièrement sur de nouvelles exigences des organismes subventionnaires dans le domaine de la recherche, comme les Instituts de recherche en santé du Canada, qui exigent que les chercheurs disposent de plans d’équité, de diversité et d’inclusion pour avoir accès à du financement. « À mon avis, si l’on a devant soi une demande de subvention et que c’est la première fois que l’on doit se pencher sur les concepts d’équité, de diversité et d’inclusion, il pourrait y avoir plus de travail à faire, a conclu Fatouma Bah. Il faut peut-être alors prendre un peu de recul et se poser la question suivante : « Est-ce que je ne fais cela que pour cocher une case sur un formulaire de demande? »

« Nous ne devrions pas attendre la présentation de demandes de bourses ou de subventions pour prendre des mesures concrètes; nous devons être proactifs plutôt que réactifs, a ajouté Véronique Leduc. Cela signifie que nous devrions préparer nos équipes et notre infrastructure à accueillir les personnes vivant avec un handicap. »

Diego Herrera, Ph. D., spécialiste en équité, diversité et inclusion à l’IR-CUSM, a agi comme animateur de la discussion du panel, auquel ont participé environ 75 personnes. Deux interprètes en langue des signes ainsi que des interprètes francophones et anglophones ont apporté leur soutien pendant la réunion. Les chercheurs, les stagiaires et les membres du personnel de l’IR-CUSM peuvent trouver dans l’intranet de l’institution un enregistrement de la discussion des panélistes. (Il faut toutefois ouvrir une session au préalable.)

Si vous avez des questions ou si vous souhaitez obtenir des renseignements complémentaires sur l’équité, la diversité et l’inclusion à l’IR-CUSM, veuillez faire parvenir un courriel à edi.ri [at] muhc.mcgill.ca ou visitez la section EDI de notre site Web.

3 décembre 2022