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null Une nouvelle étude établit un lien entre la discrimination et la diminution de la fécondité chez les femmes nord-américaines

Des travaux réalisés sous la direction d'une scientifique de L'Institut, Ugochinyere Vivian Ukah, laissent entendre que les expériences de discrimination, vécues au quotidien ou la vie durant, peuvent réduire les chances de concevoir un enfant, ce qui fait ressortir le rôle potentiel des facteurs sociaux de stress sur la santé reproductive

SOURCE : L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut)
Le 13 août 2025

Une nouvelle étude, cosignée par des chercheuses et par des chercheurs de L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut), de l'Université de Boston et d'autres chefs de file de la recherche aux États-Unis, révèle l'existence d'un lien important entre les expériences de discrimination et la diminution de la fécondité des femmes. Cette constatation soulève des questions d'une importance cruciale sur le rôle des facteurs sociaux de stress quant à la santé reproductive et quant aux résultats en matière de santé. Publiée dans JAMA Network Open, cette étude a conclu que les femmes qui avaient déclaré avoir vécu à répétition des expériences de discrimination, au quotidien ou leur vie durant, affichaient une diminution de la fécondabilité — c'est-à-dire la probabilité de concevoir un enfant pendant un cycle menstruel.

Les conclusions de l'étude susmentionnée sont fondées sur des données provenant de 6 578 femmes en Amérique du Nord ayant participé à l'étude de cohorte en ligne préconceptuelle prospective Pregnancy Study Online (PRESTO). Cette étude a été dirigée par des chercheuses et par des chercheurs du Département d'épidémiologie de la Boston University School of Public Health (BUSPH) (École de santé publique de l'Université de Boston), qui effectue un suivi sur le style de vie et sur les déterminants de santé associés à la fertilité et aux résultats en matière de grossesse. Les participantes à l'étude ont déclaré avoir vécu des expériences de discrimination dans leur quotidien ou leur vie durant dans des domaines comme l'emploi, les soins médicaux et les interactions avec la police. Les chercheuses et les chercheurs, y compris l'épidémiologiste principale Lauren A. Wise, ScD, chercheuse principale au sein du projet PRESTO, ont eu recours à des modèles statistiques pour estimer dans quelle mesure ces expériences avaient influé sur les résultats en matière de fertilité. Réalisée en collaboration avec d'autres coauteures et coauteurs du Boston Medical Center (Centre médical de Boston), de la Yale University School of Public Health (École de santé publique de l'Université Yale) et de la Harvard T.H. Chan School of Public Health (École de santé publique T. H. Chan de l'Université Harvard), cette étude est le fruit d'efforts considérables déployés à l'international, dans le but de mieux comprendre les déterminants sociaux de la santé reproductive.

Ugochinyere Vivian Ukah, B. Sc., MPH, Ph. D. est scientifique junior au sein du Programme en santé de l'enfant et en développement humain à L’Institut.
Ugochinyere Vivian Ukah, B. Sc., MPH, Ph. D. est scientifique junior au sein du Programme en santé de l'enfant et en développement humain à L’Institut.

Une pièce manquante dans le domaine de la recherche sur la fertilité

Alors que les travaux de recherche antérieurs établissaient un lien entre la discrimination et les résultats défavorables relatifs aux naissances — comme une naissance prématurée et un poids insuffisant à la naissance — l'étude dont il est ici question est la première à être réalisée à grande échelle dans le but de se demander si la discrimination peut avoir des conséquences sur la capacité d'une femme à concevoir un enfant.

« L'étude dont il est ici question est importante, car on observe depuis longtemps les conséquences des disparités raciales et ethniques sur la fertilité, mais nous ne comprenions pas si la discrimination comme telle pouvait contribuer à une diminution de la fertilité, explique l'auteure principale, Ugochinyere Vivian Ukah, B. Sc., MPH, Ph. D., scientifique junior au sein du Programme en santé de l'enfant et en développement humain à L'Institut. Nous avons constaté que les expériences de discrimination —qu'elles soient attribuables à la race, au sexe ou à d'autres causes — étaient associées à une baisse de la fécondabilité chez les femmes, indépendamment de leur origine raciale ou ethnique. »

Fait intéressant, dans l'étude susmentionnée, on a conclu que les femmes victimes de discrimination — qu'elles soient blanches ou qu'elles appartiennent à des minorités ethniques — étaient moins susceptibles de concevoir un enfant. Toutefois, la nature du lien variait en fonction du type de discrimination : on a observé un lien solide entre une baisse de la fécondabilité chez les participantes de race blanche qui se sentaient harcelées et chez celles qui appartenaient à des minorités ethniques. Ces dernières étaient victimes de discrimination au travail et lorsqu'elles recevaient des soins médicaux. Ces modèles laissent entendre que les obstacles de nature structurelle (comme les biais existant dans les milieux de travail et dans le secteur des soins de santé) ainsi que la violence interpersonnelle vécue au quotidien peuvent s'additionner et avoir une incidence défavorable sur la santé reproductive des femmes.

Implications en matière de santé publique et de soins relatifs à la santé reproductive

Les travaux de recherche susmentionnés soulèvent des questions importantes sur le rôle des facteurs sociaux de stress pour ce qui est de façonner la santé reproductive et les résultats dans ce domaine. « Pour les femmes qui essaient de concevoir un enfant, plus particulièrement dans le cas de celles qui appartiennent à des groupes historiquement marginalisés, la discrimination peut constituer un fardeau additionnel invisible, qui s'ajoute à un parcours comportant déjà des défis, ajoute la professeure Ukah, aussi membre du Centre de recherche évaluative en santé de L'Institut. « Ces conclusions font ressortir un facteur sous-apprécié quant aux disparités relatives à la fertilité. »

Prochaines étapes

Pour ce qui est de l'avenir, les chercheuses et les chercheurs recommandent d'effectuer d'autres études, afin d'explorer les mécanismes sous-jacents établissant un lien entre la discrimination et la fertilité, y compris les réactions biologiques au stress, l'accès aux soins relatifs à la santé reproductive et les conséquences de nature psychologique. Ils soulignent également l'importance de concevoir des milieux de soins inclusifs et réconfortants, reconnaissant la discrimination comme étant un obstacle à la santé reproductive, et de se pencher sur ce problème.

À propos de l'étude

L'étude intitulée « Fecundability in Association With Everyday and Lifetime Discrimination », réalisée par Ugochinyere Vivian Ukah, Ph. D.; Sharonda M. Lovett, Ph. D.; Renée Boynton-Jarrett, M.D., ScD et autres, a été publiée dans JAMA Network Open.

Système DOI : 10.1001/jamanetworkopen.2025.20597

L'étude a été financée par les National Institutes of Health (NIH).

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