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null Nouvel espoir dans le traitement du cancer de la prostate, grâce à l’analyse de gènes ciblés dans le sang

Une équipe de recherche de L'Institut identifie la signature d'expression génique pour aider à orienter les décisions relatives au traitement des patients atteints d'un cancer de la prostate

SOURCE : L'Institut
Le 11 septembre 2025

Une équipe de L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut) dirigée par Simone Chevalier, Ph. D. et par Armen Aprikian, M.D. a développé une approche prometteuse en offrant une nouvelle façon de statuer sur l’agressivité du cancer de la prostate. En analysant certains gènes ciblés dans l’ARN du sang, l’équipe a identifié des patrons d’expression particuliers susceptibles d’aider les cliniciens à évaluer les risques de progression de la maladie plus élevés chez certains patients. Les résultats de l’étude ont récemment fait l’objet d’une publication dans le journal Molecular Oncology.

« Ces travaux sont une étape importante vers le développement d’outils moins invasifs et plus précis pour identifier un cancer de la prostate agressif, a déclaré la professeure Chevalier, scientifique principale au sein du Programme de recherche sur le cancer à L'Institut. L'objectif ultime est d'offrir des traitements plus personnalisés et de traiter plus rapidement les formes de cancer comportant un risque élevé de progression. »

À partir de la gauche, la première auteure, Seta Derderian, et les auteurs principaux, Simone Chevalier et Armen Aprikian
À partir de la gauche, la première auteure, Seta Derderian, et les auteurs principaux, Simone Chevalier et Armen Aprikian

D'une biopsie liquide du sang à la biologie : une nouvelle approche en matière de soins personnalisés

Le cancer de la prostate varie grandement d’un homme à l’autre. En effet, certains vivent pendant des décennies avec ce cancer sans présenter de symptômes, tandis que chez d’autres, il progresse rapidement malgré les traitements offerts. À l’heure actuelle, les cliniciens se fondent sur les niveaux d’antigène prostatique spécifique (APS), les biopsies et l’imagerie, mais ces outils ne reflètent pas toute la complexité de la maladie.

Dans cette étude, l’équipe de recherche a identifié un ensemble de 57 gènes représentant les sous-types de cellules du cancer de la prostate, des cibles potentielles de médicaments ou des gènes liés aux mécanismes de résistance au traitement. Dans le sang des hommes atteints d’un cancer localisé, l’expression de ces gènes était liée à l’agressivité du cancer. Dans le cas d’un cancer métastatique résistant à la castration (mCRPC), les signatures relatives aux sous-types cellulaires et à la résistance étaient associées à la réponse aux traitements et à leurs effets.

« Apprendre sur la biologie d’une tumeur grâce à l’ARN de seulement quelques cellules cancéreuses et vésicules extracellulaires dans la circulation sanguine comporte des défis, mais revêt une très grande importance, » précise Seta Derderian, première auteure de l'article, et étudiante au doctorat sous la direction de la professeure Chevalier à l'époque où les travaux commentés ici ont été réalisés. Nous espérons que cette ‘signature’ puisse être utilisée en même temps que les autres outils existants afin d’aider les cliniciens à mieux prévoir la récidive ou la progression d’un cancer de la prostate. Les médecins pourront alors offrir des médicaments alternatifs sur mesure en fonction de la signature moléculaire du patient. De tels médicaments sont déjà utilisés pour d’autres types de cancer ou sont au stade d’essais cliniques pour le cancer avancé de la prostate. »

Prochaines étapes

L'équipe veut maintenant intégrer la signature génique de la circulation sanguine à chacune des étapes liées à l’évolution d’un cancer de la prostate, l’objectif étant de déterminer avec plus de précision à quel moment chaque gène est surexprimé. Ceci conduira à des essais combinant plusieurs gènes (multiplexage) et pouvant être utilisés en clinique. Ces résultats, rajoutés aux taux d’APS, permettront d’intervenir à un stade plus précoce du cancer.

Les travaux menés par l’équipe de recherche s’inscrivent dans un mouvement qui prend de l’ampleur en oncologie, soit la personnalisation des traitements du cancer selon les paramètres biologiques de chaque patient.

À propos de l'étude

Les auteures et les auteurs de l'étude intitulée Clinical significance of stratifying prostate cancer patients through specific circulating genes, publiée dans Molecular Oncology, sont Seta Derderian, Edouard Jarry, Arynne Santos, Quentin Vesval, Lucie Hamel, Rafael Sanchez-Salas, Alexis Rompré-Brodeur, Wassim Kassouf, Raghu Rajan, Fadi Brimo, Marie Duclos, Armen Aprikian et Simone Chevalier.

Mol Oncol. 2025 May;19(5):1310-1331, système DOI: 10.1002/1878-0261.13805

Les auteures et les auteurs remercient les patients et les bénévoles qui ont généreusement accepté de donner du sang au titre de l'étude faisant l'objet du présent article. Prostate Cancer Canada et Movember ont octroyé le financement initial du projet. L'étude pilote a bénéficié du financement de Prostate Cancer et de la Fondation du cancer des Cèdres.

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