Fil d'Ariane

null Une étude en génomique permet de mieux comprendre l’ostéosarcome et les voies menant à des traitements personnalisés

Livia Garzia et son équipe dévoilent des mécanismes épigénétiques impliqés dans le cancer des os qui pourrait aider à préciser le pronostic et à orienter le développement de nouvelles options thérapeutiques pour les tumeurs chimiorésistantes

SOURCE : L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut)
Le 15 septembre 2025

Une équipe de chercheuses et de chercheurs dirigée par Livia Garzia, Ph. D., Nada Jabado, M.D., Ph. D., scientifiques à L'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (L'Institut) et par Claudia Kleinman, Ph. D., à l'Institut Lady Davis de recherches médicales, a dévoilé de nouvelles caractéristiques moléculaires de l'ostéosarcome, la forme de cancer des os la plus prévalente, qui touche principalement les enfants ainsi que les adolescentes et les adolescents. Publiée dans Nature Communications, l'étude identifie de nouveaux mécanismes essentiels à la biologie de l'ostéosarcome et suggère de nouvelles avenues thérapeutiques à explorer.

Une nouvelle perspective sur l'ostéosarcome

L'ostéosarcome est la forme la plus fréquente de cancer des os, qui touche principalement les enfants ainsi que les adolescentes et les adolescents. Les taux de survie ne se sont pas améliorés depuis les années 1990. La chimiothérapie et la chirurgie standards aident les patientes et les patients, mais bon nombre de tumeurs réapparaissent ou deviennent résistantes au traitement.

L'une des difficultés réside dans l'instabilité des génomes des ostéosarcomes et dans leurs réarrangements complexes, ce qui rend ardue l'identification de cibles thérapeutiques claires. L'équipe de la professeure Garzia a abordé le problème sous un angle différent, mettant l'accent sur l'épigénome — c'est-à-dire les modifications chimiques qui régulent l'expression génique.

L'étude révèle que la dérégulation épigénétique est une caractéristique courante et importante de l'ostéosarcome. Plus particulièrement, les chercheuses et les chercheurs démontrent que la protéine EZHIP a une action oncogène, qui favorise l'agressivité de la tumeur. Il s'agit de la première étude, tous types de cancer confondus, donné à fournir la preuve expérimentale du rôle oncogène de la protéine EZHIP, laissant ainsi entrevoir de nouvelles perspectives pour la compréhension et le traitement de l'ostéosarcome réfractaire.

La voie vers la découverte

L'équipe de scientifiques a rassemblé des tumeurs de grade élevé provenant de patientes et de patients traités dans des hôpitaux de Montréal; on a examiné ces tumeurs pour l'expression anormale de leurs oncohistones (histones oncogéniques mutées) et sur le mimétique d'oncohistone récemment identifié, EZHIP. Les scientifiques ont conclu que l'expression de la protéine EZHIP et/ou la perte de la marque répressive de l'histone H3K27me3 se produit dans environ 40 % des tumeurs.

Ce résultat est significatif sur le plan clinique, car la perte de la marque H3K27me3 a été particulièrement accentuée dans les rechutes et métastases chimiorésistantes, pour lesquelles de nouvelles options de traitement sont requises.

« Il faut de toute urgence trouver de nouveaux traitements pour l'ostéosarcome, car les taux de survie des patientes et des patients n'ont pas augmenté au cours des 35 dernières années. Les protocoles de traitement actuels se fondent encore sur la chimiothérapie toxique à forte dose, ce que nous espérons changer grâce à nos travaux de recherche, explique Wajih Jawhar, auteur principal de l'étude et étudiant au doctorat dont les travaux sont codirigés par la professeure Garzia et la Dre Jabado.

Les travaux sont le fruit d'une réelle collaboration entre les copremiers auteurs avec Geoffroy Danieau, Ph.D. (travaillant sous la direction de la professeure Garzia) et Alva Annett, étudiante au doctorat (travaillant sous la direction conjointe des Dres Kleinman et Jabado), qui ont apporté leur savoir-faire et leur expérience uniques dans le domaine de la biologie des sarcomes et des approches omiques », ajoute la professeure Garzia.

Perspectives d'avenir

L'étude démontre qu'un sous-ensemble d'ostéosarcomes affiche des développements cellulaires bloqués. Cette étude fait également ressortir qu'en ayant recours à des lignées cellulaires et à des cellules stromales mésenchymateuses provenant de patientes et de patients, les chercheuses et les chercheurs ont démontré que l'expression de la protéine EZHIP compromet la différenciation normale et active des programmes cellulaires progéniteurs précoces. Des caractéristiques de type cellules souches constituent une signature fréquente des cancers agressifs et justifient la poursuite de l'examen approfondi des ostéosarcomes.

Fait important, l'équipe a également identifié une stratégie thérapeutique potentielle : le tazemetostat. Il s'agit d'un médicament approuvé par la FDA (Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques) dont le profil en matière de sécurité est très favorable et qui s'est avéré prometteur dans les modèles cellulaires exprimant la protéine EZHIP. Bien qu'il soit nécessaire de poursuivre les travaux avant l'application clinique de cette stratégie, les conclusions de l'étude dont il est ici question marquent une étape importante vers la proposition de nouvelles options de traitement.

En combinant les technologies avancées avec les connaissances acquises en clinique, le groupe dirigé par la professeure Garzia a mis au jour de nouveaux mécanismes moléculaires de l'ostéosarcome. Les conclusions de ce groupe permettent non seulement d'approfondir la compréhension de cette forme de cancer difficile à traiter, mais laissent aussi prévoir des traitements plus efficaces et moins toxiques.

À propos de l'article

Les auteures et les auteurs de l'article intitulé Aberrant EZHIP expression drives tumorigenesis in osteosarcoma sont Wajih Jawhar, Geoffroy Danieau, Alva Annett, Takeaki Ishii, Andrea Bajic, Ana Castillo-Orozco, Brian Krug, Yara Faucher-Jabado, Justin Seyedmoomenkashi, Mostafa Saquib, Masoumeh Aghababazadeh, Marjan Khatami, Nadim Tawil, Damien Faury, Sungmi Jung, Ahmed Aoude, Robert E. Turcotte, Benjamin Ellezam, Thomas Sontag, Sylvie Langlois, Daniel Sinnett, Swneke D. Bailey, Lingxin Zhang, Dorothée Dal Soglio, Claudia L. Kleinman, Nada Jabado et Livia Garzia

Nature Communications, volume 16, numéro de l'article : 6752 (2025)

Système DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-025-61558-8

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