Fil d'Ariane

null Une occasion pour apprendre, célébrer et connecter pendant le Mois de l’histoire des Noir.es à l’IR-CUSM

Des expertes et des experts réunis en table ronde se sont penchés sur le concept d’EDI dans les domaines de la recherche et des soins de santé

SOURCE : IR-CUSM
14 mars 2024

« Nous devons nous assurer que le système de santé est malléable, capable de tenir compte des nuances, de s’adapter aux histoires et aux besoins particuliers de nos patientes et de nos patients ainsi que des scientifiques travaillant au sein de nos institutions. Ainsi, si nous adhérons à ces valeurs, ce sera le Mois de l’histoire des Noir.es tous les mois! »

— Nicholas Hickens, panéliste

Pour célébrer le Mois de l’histoire des Noir.es, des membres de la communauté de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) se sont réunis le 20 février dernier, afin de participer à une table ronde sous le thème suivant : « Apprendre, célébrer et connecter! » Ce rassemblement visait à explorer les thèmes d’équité, diversité et inclusion (EDI) dans la recherche et dans les soins de santé, en mettant l’accent sur la prise en compte des points de vue des Noir.es. On s’est particulièrement penché sur les obstacles, sur la création de liens et sur la célébration des réalisations à longueur d’année. Les discussions ont essentiellement porté sur les stratégies visant l’autonomisation des communautés, la promotion de la justice sociale et l’adoption de pratiques de recherche sensibles aux particularités culturelles.

Organisée par le Comité consultatif en matière d’équité, de diversité et d’inclusion de l’IR-CUSM, la table ronde était animée par Nitika Pant Pai, M.D., Ph. D., scientifique au sein du Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale (programme MIISM), et par Diego Herrera, Ph. D., spécialiste en équité, diversité et inclusion à l’IR-CUSM.

(De gauche à droite) Loydie Jerome-Majewska, Momar Ndao, Nicholas Hickens, et Sacha Williams
(De gauche à droite) Loydie Jerome-Majewska, Momar Ndao, Nicholas Hickens, et Sacha Williams

Les expertes et les experts qui ont participé à la table ronde étaient Loydie Jerome-Majewska, Ph. D, chercheuse principale au sein du programme MIISM à l’IR-CUSM et cofondatrice du réseau canadien des scientifiques noirs; Momar Ndao, D.V.M., M. Sc., Ph. D., scientifique au sein du programme MIISM à l’IR-CUSM; Nicholas Hickens, M. Sc., stagiaire au sein du programme MIISM et Sacha Williams, M.D., MS, MPH, candidate au doctorat et stagiaire au sein du programme MIISM.

La Dre Rhian Touyz, directrice exécutive et scientifique en chef de l’IR-CUSM, a prononcé l’allocution inaugurale devant une cinquantaine de personnes, qui participaient à l’activité en présentiel ou en ligne. Elle a insisté sur l’intégration des volets EDI à tous les programmes de recherche, réaffirmant ainsi l’engagement de l’institution à représenter tous les groupes ainsi que leurs réalités dans la recherche et dans les traitements. Elle a également fait référence au soutien continu qu’offre l’IR-CUSM aux personnes noires et aux stagiaires racisés grâce à des initiatives comme les Prix Fiera Capital pour la diversité, l’équité et l’inclusion dans les soins de santé dans la recherche dans le domaine de santé à l’intention des étudiant.es racisé.es ou autochtones. Enfin, elle a également vanté l’approbation récente, par le Fonds de recherche du Québec – Santé, de la version mise à jour du plan d’action en matière d’équité, de diversité et d’inclusion de l’IR-CUSM.

L’animateur Diego Herrera a présenté une vidéo donnant un aperçu du cours de formation donné à l’interne, « Let's Be Allies ». Fondé sur un scénario hypothétique mettant l’accent sur les défis que doivent relever les chercheuses et les chercheurs racisé.es, cette vidéo a ouvert la voie à une discussion intéressante.

Description des obstacles et manière de les faire tomber

La discussion s’est ouverte avec une question directe de la Dre Pant Pai : « En quoi l’expérience d’une ou d’un scientifique noir est-elle différente de celle des membres de groupes privilégiés, et quels obstacles devons-nous faire tomber pour améliorer cette expérience? »

La professeure Jerome-Majewska a dit qu’elle s’estimait privilégiée d’avoir reçu du soutien et de s’être vu offrir les possibilités de carrière auxquelles elle avait eu accès dans sa carrière. Elle a ajouté qu’il était arrivé que ses succès soient attribuables à son identité plutôt qu’à ses capacités. « J’espère que la table ronde d’aujourd’hui va aider les gens à comprendre que les personnes noires ne devraient pas être "plus", mais qu’elles devraient pouvoir être normales », a-t-elle conclu.

Pour sa part, le Dr Ndao a insisté sur la nécessité d’avoir une plus grande diversité au sein des comités qui prennent les décisions; il a mis l’accent sur l’importance d’avoir des personnes de couleur dans des postes de direction. Tout en faisant remarquer que des progrès avaient été accomplis, il a attiré l’attention sur la nécessité de déployer des efforts sur le plan de l’inclusion pour renforcer le sentiment d’appartenance des personnes noires. Compte tenu de ses observations, les scientifiques noirs doivent souvent travailler plus fort que des personnes appartenant à d’autres groupes démographiques pour prouver leur qualification professionnelle. Cette rigueur supplémentaire mène au succès, tout en alourdissant le fardeau qui incombe à la communauté noire.

Le concept d’EDI du point de vue des scientifiques noirs

La Dre Williams a insisté sur le fait que le concept d’EDI fait référence à une réalité plus large que la diversité raciale; il comprend l’orientation sexuelle, le genre et d’autres identités. Elle a attiré l’attention sur le caractère historique de l’exclusion de certains groupes dans les essais cliniques, comme les femmes enceintes, ce qui a créé des risques pour ce segment de la population à des moments critiques, comme la pandémie de COVID-19. Elle a également insisté sur l’importance d’inclure divers groupes dans la recherche et de faire de la place à une diversité de voix autour de la table.

Dans le même ordre d’idée, Nicholas Hickens a exhorté l’auditoire à considérer le concept d’EDI comme une lentille à travers laquelle on doit voir et évaluer les travaux de recherche. Cette lentille devrait mener à un examen critique des pratiques dans le domaine de la recherche, plus particulièrement en ce qui a trait à la manière dont on se penche sur les enjeux auxquels sont confrontés les groupes désavantagés. Il a conclu en insistant sur le fait que « [l]’EDI doit être une approche transformative dès le début des processus de recherche ».

Du point de vue de la professeure Jerome-Majewska, la recherche devrait bénéficier à la société dans son ensemble, et non seulement à un groupe particulier. « Les chercheuses et les chercheurs doivent prendre en compte l’identité de la personne qui effectue la recherche, des participantes et des participants aux travaux ainsi que la manière dont les résultats sont partagés. Puisque la recherche implique souvent du financement public, indépendamment du contexte, tout le monde devrait être capable de comprendre les conclusions de la recherche et en bénéficier », a-t-elle conclu.

Messages clés à l’intention des scientifiques et des administratrices et des administrateurs

Les panélistes ont insisté sur l’importance de la transparence dans les critères relatifs aux promotions et à l’allocation des crédits, faisant valoir l’importance de disposer de lignes directrices dans le processus d’évaluation. Ils ont aussi mis l’accent sur la nécessité de prêter une oreille attentive aux personnes Noires ou racisées dans le but de créer des milieux de recherche plus inclusifs. Compte tenu de l’incidence des actions des administratrices et des administrateurs ainsi que des chercheuses et des chercheurs sur les autres, on a exhorté les membres de la communauté de l’IR-CUSM à devenir des alliés informés et engagés dans la lutte contre les injustices systémiques.

Nicholas Hickens a insisté sur la nécessité, pour les professionnelles et les professionnels de la santé, de connaître la dynamique du pouvoir et d’interagir humblement avec la patientèle et les communautés. Il a mis l’accent sur le fait que l’accès aux données d’une patiente ou d’un patient constitue un privilège. Il a fait valoir l’importance de donner plus d’autonomie et une voix aux communautés dans les projets de recherche. « La recherche inclusive permet de bâtir la confiance, l’inclusivité et de surmonter les traumatismes, a t il ajouté.

Le Dr Ndao a conclu la rencontre en livrant un message bien senti à l’intention de la nouvelle génération de chercheuses et de chercheurs; il a mentionné l’importance de croire en soi et de travailler fort. « Je recommande de voir grand, a-t-il dit. Il ne faut jamais perdre de vue ses objectifs. Comme le disait Obama, "Oui, vous pouvez! Vous êtes capables" ».

Le 28 février, le Comité consultatif EDI a aussi proposé une célébration de la culture des Noir.es. La pièce de théâtre intitulée M’apelle Mohamed Ali (du Théâtre de la sentinelle) ainsi qu’un concert de Kabey Konate et du groupe Farafina Roots ont ouvert le dialogue, afin que l’auditoire soit davantage sensibilisé aux défis supplémentaires que doivent relever les personnes noires et de célébrer la richesse de leur culture.


Nouvelles connexes

ENREGISTREMENT : Le mois de l’histoire des Noir.es à l’IR-CUSM : Apprendre, célébrer et connecter! (YouTube)
Fiera Capital et la Fondation du CUSM annoncent les gagnants de nouveaux prix
Équité, diversité et inclusion (EDI) à l’IR-CUSM