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null Rendre le changement possible
À l’approche de la Journée internationale des femmes et des filles de science, le 11 février, la Dre Nitika Pant Pai donne le ton en parlant de son parcours du leadership au sein de WomenLift Health
Source : Université McGill et IR-CUSM
Le 7 février 2024
Nitika Pant Pai, M.D., M.P.H., Ph. D., professeure agrégée de médecine à l’Université McGill et scientifique à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), a été sélectionnée pour faire partie de la cohorte 2024 du parcours du leadership en Amérique du Nord de WomenLiftHealth (WLH). Dans une entrevue donnée au personnel du Département de médecine, la Dre Pant Pai a expliqué ce qui la motivait à participer à ce programme, destiné à accroître le pouvoir et l'influence des femmes en milieu de carrière dans le domaine de la santé mondiale.
Q : Qu’est-ce qui vous a motivée à participer au parcours du leadership de WLH?
R : Des collègues proches de moi m’ont parlé de ce programme et m’ont suggéré de poser ma candidature. Le fait que ce programme bénéficiait du soutien de nulle autre que Melinda Gates m’a convaincue d’envisager la possibilité d’y consacrer mon temps et mon énergie.
Le programme WLH s’efforce de susciter l’engagement des femmes afin qu’elles exercent leur leadership en matière de santé mondiale, en réunissant des femmes talentueuses issues de divers secteurs.
J’ai visité le site Web de l’organisme et j’ai été impressionnée par l’excellence de l’accompagnement professionnel qu’il offre, qui est bien pensé; j’ai aussi apprécié sa portée mondiale et son réseau, qui couvre l’ensemble de la planète. J’ai trouvé qu’il s’agissait d’un programme unique, visionnaire et novateur à tous points de vue. Je savais que, pour être admise, je devrais affronter une vive concurrence, mais je me disais que je n’avais rien à perdre en tentant ma chance.
« Le leadership est un état d’esprit et une compétence qui, à l’instar d’autres compétences, s’apprend, se désapprend et se réapprend. »
Le leadership est un état d’esprit et une compétence qui, à l’instar d’autres compétences, s’apprend, se désapprend et se réapprend.
Q : Pourquoi est-il important qu’il y ait plus de femmes dans des postes de direction dans le domaine de la santé mondiale?
R : J’ai grandi dans une famille d’avocats et de pédagogues intellectuels, qui croyaient fermement en l’égalité des genres et en la justice sociale, et qui mettaient ces principes en pratique. Au fil de mon évolution comme professionnelle de la santé, je n’ai jamais été témoin de l’application directe de ces principes… dans l’environnement des soins de santé. J’ai acquis ma formation professionnelle dans divers pays. J’ai perçu les obstacles à l’avancement professionnel des femmes (de couleur), et ce, partout dans le monde. J’ai eu un choc en constatant que c’était aussi le cas ici, en Amérique du Nord.
Le potentiel des femmes (de couleur) est souvent sous-estimé, et ces dernières sont sous-représentées dans les postes de direction; pourquoi en est-il ainsi? J’ai observé qu’il n’y avait pas suffisamment de femmes de valeur, généreuses et actrices de changement dans des postes de direction d’envergure mondiale, plus particulièrement dans les postes de haute direction dans le domaine de la santé publique, des diagnostics et dans les environnements médicaux. Il arrive que des décisions concernant la santé des femmes soient prises par ces conseils scientifiques ne comptant que des hommes; cela a l’air ridicule – un peu comme dans le film Barbie.
Donner de son temps et consacrer son énergie, prodiguer des conseils judicieux avec intégrité est un karma simple, mais précieux. Tout au long de ma carrière, j’ai dû me battre pour recevoir la même chose de femmes ayant une nature similaire à la mienne. Je me demandais pourquoi il en était ainsi; plus tard, j’ai réalisé que certaines des luttes que j’avais menées étaient peut-être attribuables à des obstacles à l’équité, à la diversité et à l’inclusivité. J’ai donc décidé de transformer ma douleur et mes luttes en passion! Puis, il y a eu cette possibilité de participer au programme WomenLift.
« Nous n’avons pas d’équivalent féminin des ‘Boys’ Clubs’ en médecine, dans les milieux universitaires ou dans le domaine de la santé. »
Nous n’avons pas d’équivalent féminin des « Boys’ Clubs » en médecine, dans les milieux universitaires ou dans le domaine de la santé. Il y avait peu, voire très peu, de mentorat professionnel pour les femmes comme moi – les femmes ayant la même couleur et la même origine ethnique que moi; c’est pourquoi j’ai toujours espéré que les choses changent dans cet univers. Nous avons toutefois besoin de plus de femmes généreuses pour atteindre cet objectif, et nous devons former un « Giving Girls’ Club » (un club de femmes généreuses). Nous avons toutes besoin de conseils judicieux à différentes étapes de notre carrière. Je vois dans la plateforme mondiale de WomenLift une tribune pour combler ce fossé.
Q : Pourquoi cette expérience du leadership est-elle cruciale pour vous?
R : Depuis que j’ai cessé de pratiquer et de donner des directives à mes patientes et à mes patients, et que je me suis consciemment tournée vers la recherche et l’innovation dans le but d’avoir des retombées dans le domaine de la santé publique, j’ai écouté ce que racontaient les patientes et les patients, de même que les récriminations des intervenantes et des intervenants de première ligne, et j’ai observé les points de contact des services des organismes communautaires; j’ai consacré plus de temps à ces tâches qu’à dire aux autres ce qu’ils devaient faire. Je me familiarisais plus rapidement avec les difficultés dans les pays où je travaillais en délaissant mon rôle défini. Désapprendre m’a aidée à devenir une leader empathique dans le milieu de la recherche, afin de concevoir pour et avec mes patientes et mes patients des projets percutants et importants pour eux.
« J’espère inspirer mes étudiantes, mes stagiaires ainsi que les boursières qui travaillent avec moi, soit bon nombre de femmes comme moi, qui souhaitent franchir les barrières cachées liées aux stéréotypes de genre/de race dans les postes de direction. »
J’ai également réalisé qu’on ne répondait pas au besoin impérieux de formation et d’éducation dans les domaines de la santé et de la médecine. La jeune génération apprend en observant la manière dont les autres se comportent dans leur vie et dans leur carrière. Dans ma culture, on appelle ce phénomène « Samskara » (mot sanksrit); dans le domaine scientifique, on parle de « programmation épigénétique ». En insistant sur l’importance de donner l’exemple aux futures leaders, j’espère inspirer mes étudiantes, mes stagiaires ainsi que les boursières qui travaillent avec moi, soit bon nombre de femmes comme moi, qui souhaitent franchir les barrières cachées liées aux stéréotypes de genre/de race dans les postes de direction. Je souhaite surtout inspirer ma fille; j’espère sincèrement qu’elle n’aura pas à surmonter les mêmes difficultés que moi. Ces problèmes devraient à l’avenir constituer les thèmes des chapitres des livres d’histoire.
Q : Quels sont vos objectifs pour ce qui est d’améliorer vos compétences en leadership en participant au programme WomenLift et où vous voyez-vous après votre participation à ce programme?
R : C’est une occasion incroyable d’acquérir de nouvelles compétences en leadership, d’établir des liens avec un organisme mondial et avec un réseau planétaire de femmes occupant des postes de direction qui « ont déjà joué dans ce film-là ». Il est impossible de trouver dans un livre ce niveau de description fine en termes d’expérience de travail ou ces nuances dans les publications sur le Web. J’en suis rendue à une étape de ma vie où je désire désapprendre, évoluer et devenir une meilleure leader; quand le temps sera venu, je souhaite être prête à diriger un organisme, en tenant compte de sa vision d’avenir, en ayant des idées claires et un esprit bien formé.
« C’est là mon souhait! »
C’est là mon souhait! Lors de ma participation au programme WLH, je veux prendre tout ce que vont m’offrir de grandes professionnelles d’expérience, crédibles, d’une intégrité irréprochable et ayant tout un système de valeurs, des femmes désireuses d’accompagner et de mentorer d’autres femmes pour « les aider à s’élever ». Cette intention et cette énergie sont belles et pures; elles vont améliorer mon karma. Je suis certaine que cette expérience va avoir un effet boomerang et qu’elle va être à l’origine d’un mouvement plus puissant, qui va être créateur de changement.
En savoir plus sur les cohortes 2024 d’Amérique du Nord en consultant le site Web de WomenLift Health (en anglais uniquement).
— Article d’abord publié le 26 janvier 2024 par la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill (en anglais seulement)